• ... j'ai su que j'allais m'ennuyer" a dit la dame derrière moi quand les lumières se sont rallumées. Je confirme, je n'aurais pas dit mieux (mais je l'aurais dit plus grossièrement).

    120111_loiseauaffiche4f04284c197b5

    Elle vit seule, elle mange seule, elle travaille seule, elle va au cinéma seule. Elle ne parle pas, ne sourit pas. Elle ne sympathise pas avec ses collègues, et quand elle va au ciné c'est pour voir un film de Mizoguchi. On finit par comprendre qu'il y a eu un enfant dans sa vie, un mari, une maison. Un jour, une tourterelle rentre dans son appartement, et l'oiseau va réveiller la belle endormie.

    Elle, c'est Anne, interprétée par Sandrine Kiberlain. Le film, c'est L'Oiseau, et je me suis demandée ce que je fichais là dès la première minute, en effet. C'est mou, c'est inintéressant, même glauque parfois. Les images sont sombres, la réalisation approximative (entre autre un zoom aussi discret que celui de mon APN). Et puis c'est pénible, de voir Kiberlain se balader tout au long du  film avec un air mou et sans nuances. Elle est censée être "absente à elle-même","en arret", je l'ai trouvée tout simplement chiante.

    En fait, à en lire la critique faite sur la gazette de l'Utopia, j'avais déjà des doutes. Je me méfie des critiques de l'Utopia, à les croire tous les films qu'ils proposent sont de véritables chefs d'oeuvre. Bien sûr, ils ne vont pas dire qu'ils programment des bouses, mais j'aimerais bien tout de même un peu plus d'impartialité. En fait, je ne serai probablement pas aller le voir si ce film n'avait pas été tourné... à Bordeaux. La cloche du tram, les quais éclaboussés de soleil, la rambarde du cinéma Jean-Vigo... Ca m'a fait drôle de voir Sandrine Kiberlain monter dans un tram comme moi une demi-heure plus tôt.

    111025_intouchables1

     

    Intouchables... Ah oui, Intouchables. Une collègue m'a dit : "ce n'est pas une comédie, et quand on en voit le succès, ça veut bien dire que les français sont des nazes qui vont voir n'importe quoi." Bon, je ne suis pas très loin de penser cela. C'est vrai que quand on lit et qu'on entend les critiques enthousiastes, qu'on nous bassine chaque semaine avec les nombre d'entrées, et qu'on voit le film... :-/  Ce qui m'étonne surtout, c'est qu'on puisse le comparer aux Ch'tis. Intouchables, c'est une comédie dramatique, dont le seul point commun avec les Ch'tis est de jouer sur le même ressort, celui du comique d'opposition. Citadins/provinciaux, noirs/blancs,... le cinéma regorge de ce genre de scénarios "comiques". Je ne vais pas cracher dans la soupe : certaines situations et certaines répliques m'ont amusées. Je ne me suis pas tordue de rire pour autant. Omar Sy incarne à merveille le black-de-banlieue, puisque c'est ce qu'on attend de lui, quand à Cluzet il joue son rôle, point barre, ni plus ni moins. Je regrette d'avoir vu le film à la télé (chuuuut) et non au cinéma, je suis curieuse de la réaction des spectateurs pour mieux comprendre l'engouement que provoque ce film. Je soupçonne un peu de politiquement correct là-dedans, genre "ouais les handicapés sont des gens comme les autres" (avec, en plus, la caution morale du "c'est une histoire vraie") - et ça m'étonnerait que les handicapés qui au quotidien s'emmerdent à slalomer sur des trottoirs envahis de voitures et de crottes de chien, se retrouvent dans le film. Curieusement, je n'ai pas du d'interview de gens en fauteuil à la sortie des cinés. Et dire qu'on le pressent comme le grand succès des César....  :-(


    6 commentaires
  • Je suis toujours aussi douée pour la séance de rattrapage, l'avant dernière ou la dernière séance de programmation d'un film. En l'occurence, L'Exercice de l'Etat. J'ai été étonnée du monde que ce film attirait encore, et nous avons eu droit à la grande salle du Jean-Eustache. Celle-là, vu le genre de films que je vais voir, ce n'est pas souvent que je pose mes fesses dans ses fauteuils.

    exercice de l'etat

    Comme à chaque fois lorsque je vois un film dont l'action se situe dans le monde politique (Harvey Milk, Les Marches du pouvoir *), je n'ai pas tout compris. Dans ce genre de film, le spectateur est imergé d'entrée au coeur d'une situation dont il tout, et qu'il doit comprendre au rythme des dialogues, et ceux-ci semblent parfois incompréhensibles. En l'occurence, je me suis trouvée perdue dans la myriade de conseillers qui gravitent autour de Bertrand Saint-Jean, ce ministre qui est le personnage principal du film, et dans les manoeuvres et coups bas qui agitent le monde de ce qu'on appelle "la politique politicienne".

    Le film nous décrit donc quelques jours dans la vie de Bertrand Saint-Jean, dans "l'exercice de l'état", dans l'exercice de ses fonctions. Il est ministre des transports, ministre d'un Président qu'on voit peu. On devine celui-ci au dessus de la mélée dans laquelle s'empoignent ministres et conseillers, tels des crocodiles entre eux (le film débute d'ailleurs par une scène onirique dans laquelle apparait un crocodile). Dans ces quelques jours, Saint-Jean doit faire face à un accident de la route particulièrement grave (un accident de car scolaire), et surtout à des pressions et manoeuvres visant à lui faire prendre une décision qu'il se refuse à prendre (la privatisation des gares). Le film décrit aussi et surtout la solitude d'un personnage pourtant toujours entouré : "Deux mille contacts, et pas un ami" dit Bertrand Saint-Jean en contemplant son téléphone.

    La vie du ministre se déroule à cent à l'heure, et le rythme du film est donc très rapide. J'ai malheureusement trouvé la bande son mauvaise, ce qui n'a rien arrangé pour la compréhension du film.

    En dépit de la difficulté que j'ai avec ce genre de film, je l'ai beaucoup apprécié. J'ai été intéressée (en même temps qu'effrayée) par le monde politique tel qu'il est décrit, parce que cela m'a semblé tout à fait véridique. Le film a une touche d'authenticité indéniable. J'ai aimé Olivier Gourmet, bien sûr, et j'ai été bluffée par Michel Blanc, qui incarne le directeur de cabinet du ministre, un conseiller (un de plus !) attaché à sa fonction, à laquelle il croit, mais laminé par les luttes intestines. Il est nommé pour le César du meilleur second rôle masculin pour  la cérémonie fin février, et j'espère qu'il l'obtiendra. C'est certainement son meilleur rôle. Zabou Breitman est également crédible dans son rôle de conseiller en communication. Je crois d'ailleurs qu'elle aussi est nommée dans la catégorie du meilleur second rôle féminin.

    Cette année, j'ai vu la plupart des films en lice pour les César, et il est vrai qu'ils sont tous bons, ce sera donc difficile de les départager. J'espère qu'il n'y aura pas de "grand vainqueur" mais qu'ils seront tous récompensés, dans les différentes catégories. Si je n'ai pas encore vu Intouchables, ça ne devrait pas tarder, demain soir peut-être, pour décompresser après ma journée de boulot (oui, dans mon service on doit assurer des permanences un samedi tous les deux-trois mois, et c'est pas rigolo, l'horaire c'est 9 h/19 h, et toute seule en plus !).

    * Les Marches du Pouvoir

    les-marches-du-pouvoir-affiche-teaser-france

    L'intrigue : pendant une campagne présidentielle américaine, un des jeunes conseillers du présidenciable va être confronté à un scandale que celui-ci souhaite étouffer. Il va y perdre sa naïveté. (ok, c'est succint comme résumé)

    Après Drive, j'ai retrouvé Ryan Gosling (c'est décidemment le beau gosse du moment) dans le rôle du responsable de communication de la campagne présidentielle. Un rôle totalement différent, et, là encore, il se montre convainquant. On sent la progression du personnage, de l'enthousiasme vierge du départ à la dureté d'un homme ayant perdu une partie de ses illusions sur l'homme pour lequel il travaille. Là encore, j'ai eu un peu de mal avec les arcanes du pouvoir, difficulté accrue par ma méconnaissance du système électoral des Etats Unis (j'avais eu le même problème lors de la projection de Harvey Milk). En depit de cela, j'ai beaucoup aimé le film. A noter que, comme dans L'Exercice de l'Etat, le personnage occupant le poste le plus important (le président de la République français/le sénateur américain) est en retrait, traité comme un personnage secondaire, parti pris que j'ai trouvé intéressant. Je n'ai pas lu la liste complète des films nommés pour les Oscars (mis à part le buzz autour de The Artist), mais cela me semblerait assez normal que ce film y figure.

    A propos de The Artist, ce serait étonnant - et décevant - qu'il reparte sans aucun Oscar. Il me semble d'une facture tout à fait propre à attirer la sympathie du jury américain. Par contre j'espère qu'il ne raflera pas trop de prix aux César. C'est un bon film, original dans sa forme, mais pour moi c'est juste un bon film.

    J'attends donc la fin février avec impatience.


    votre commentaire
  • les-acacias-10569533khert

    Comme le dit l'affiche pour présenter le film : "Un homme, une femme, un bébé, et 1500 kms". L'acacia est un arbre des forêts tropicales dont la caractéristique est d'avoir de redoutables épines sur le tronc, épines qui sont le fruit de l'évolution, et visent à protéger l'arbre des agressions des plantes parasites. L'acacia, comme une métaphore de l'écorce dont se sont entourés les deux protagonistes du film, face à la rudesse de la vie ? Des troncs d'acacias, c'est aussi ce que transporte Ruben, chauffeur routier. Pour rendre service à son patron, il accepte de prendre à son bord Jacinta, pour l'emmener du Paraguay en Argentine. Quand Jacinta arrive, Ruben découvre un passager supplémentaire : le bébé de Jacinta. Ensemble ils vont parcourir les 1500 kms du voyage.

    Un film court, tout en minimalisme et retenue. De longs plans, aucun décor, si ce n'est le décor naturel des paysages traversés, vus à travers les vitres du camion. Peu de dialogues, pas d'effusions ni de démonstration de sentiments. C'est le spectateur, en fait, qui va construire l'histoire qui se tisse sous ses yeux à partir de regards et de sourires fugaces. Le bébé, Anahi, fille sans père, va faire prendre conscience à Ruben de ce qui manque à sa vie : une femme, un enfant, peut-être.

    A noter : l'intrigue se noue autour du bébé, qui en est le personnage central. Mais comment diable a fait le réalisateur pour arriver un bébé de cinq mois de telle façon qu'on oublie qu'il s'agit  d'un film et non de la réalité ? Sourires, pleurs, endormissements... tout est là, quand il le faut. C'est bluffant autant que magique.

    C'est un film argentin, et c'est comme d'habitude une réussite.


    votre commentaire
  • J'avais été éblouie par Shotgun Stories, le premier film de Jeff Nichols, il y trois ans, je crois. C'était un film beau et intelligent, qui m'a beaucoup impressionnée par la dimension tragique qu'il atteignait. J'étais donc contente d'apprendre la sortie de son deuxième film, Take Shelter, avec de nouveau Michael Shannon dans le rôle principal. Je suis sortie de ce Take Shelter plutôt déboussolée.

    take-shelter-movie-posterL'intrigue : Curtis LaForche, est un américain de classe moyenne, avec femme, enfant et chien, vivant dans la campagne nord-américaine. Curtis souffre soudainement de cauchemars apocalyptiques particulièrement réalistes. Son mal être et son obstination à vouloir aménager un abri anti-tornade dans son jardin vont mettre en péril son couple et son travail. Ses rêves sont-ils prophétiques, ou, comme sa mère, développe-t-il une schizophrénie paranoïde ?

    Ce film est particulièrement prenant, et met le spectateur dans un état de tension permanente, tout en brouillant les pistes avec habileté. Rien à voir, donc,  avec le précédent opus de Nichols, j'ai plutôt pensé à Night M. Shyalaman à plusieurs reprises, mais en mieux. Nichols joue à brouiller les pistes, comme je viens de le dire, et amène le spectateur à se demander tour à tour s'il regarde un film fantastique, un film catastrophe ou un thriller psychologique. Et à la fin... eh bien il s'avère que c'est tout cela à la fois, et c'est très fort (autant qu'effrayant). J'ai particulièrement aimé la dimension psychologique, quand le personnage joué par Michael Shannon s'interroge sur son état mental - et le spectateur avec lui.

    C'est un peu tôt (!) pour affirmer comme certains que c'est LE film de l'année, mais il est certain que l'année démarre fort et bien, avec un tel film !


    votre commentaire
  • hugo cabret

      Clap de fin pour l'année 2011, sur le dernier  film de Scorsese, Hugo Cabret. Séance de 18 h 00 samedi, avant mon repas de Saint Sylvestre. Je me suis ennuyée pendant deux heures, pire, j'ai eu horreur : un, du gamin qui interprète Hugo Cabret (et qu'on voit donc toute la durée du film), deux, du manque de vraisemblance de certains décors. L'invention n'est pas le mensonge, comme l'ont si bien écrit Daniel Pennac et Stephen King. Seul intérêt du film : l'hommage de Scorsese à Georges Méliès, et là par contre, c'est très réussi, j'ai adoré la reconstitution du tournage des films de Méliès. Un quart d'heure d'intérêt sur un film de deux heures... ouais. Je me suis consolée en regardant, plus tard dans la soirée, Les Aristochats (que je n'avais jamais vu) sur ma télé (joie du téléchargement).

    J'ai commencé l'année 2012 avec une comédie gay et juive, ou juive et gay, comme on veut. 766917-l-affiche-du-film-let-my-people-go-637x0-2Let my people Go.
     Il m'arrive assez régulièrement, lorsque je dévore la gazette de l'Utopia juste sortie des presses, de sélectionner des films mais d'en oublier l'intrigue. Une fois, je suis même arrivée à la caisse en ayant carrément oublié le titre du film ! Je découvre alors totalement le film, c'est une expérience originale. Hier, dans la file d'attente, il y avait plein de monsieurs d'un certain âge, en couple. Je me suis dit "tiens, je ne me souvenais pas avoir sélectionné un film gay", et j'ai craint m'être carrément trompée de film. Mais non, au final c'est bien le film que je voulais voir. Let my people go, c'est l'histoire d'un jeune français-gay-juif vivant une grande histoire d'amour avec un jeune finlandais goy. Les premières scènes qui se passent en Finlande semblent tirées des photos/chromos de Pierre et Gilles, c'est très drôle, réussi, et de circonstance. Rupture amoureuse, et voilà notre petit français de retour à Paris au sein d'une famille haute en couleur et agitée. Quelques scènes hilarantes, en particulier quand Ruben se fait draguer par un notaire interprété par Jean-Luc Bideau, notaire lubrique en plein coming-out. Carmen Maura est délicieuse en mère juive attachée aux traditions, mais également au bonheur de son fils. Bref, un bon moment.

    Le Jean-Eustache, de son côté, propose à chaque nouvelle programmation des séances "ultimo". Il s'agit d'une reprogrammation de films qui ont eu un certain succès, quelques semaines après leur arrêt de programmation. Une séance rattrapage, en quelque sorte. J'ai souvent trouvé ça pratique, me permettant ainsi de voir des films que j'avais loupé lors de leur sortie. En l'occurence ce soir j'ai ainsi pu voir Polisse. Et je ne l'ai pas regretté, au contraire, j'aurais regretté de l'avoir loupé.

    713392-affiche-du-film-polisse-637x0-2

    Polisse, on en a beaucoup parlé lors de sa sortie, d'une part en raison de son sujet (immersion dans l'univers de la brigade des mineurs) et d'autre part en raison de la distribution (une belle brochette d'acteurs/actrices), avec entre autre Joey Starr. La première demie-heure est percutante, on plonge directement et sans reprendre son souffle dans le monde glauque de tout ce qui peut arriver aux enfants, viols, incestes, maltraitance. C'est dur, parfois très dur. On se demande si le film (qui dure deux heures) va continuer ainsi, comme une accumulation de constats de ce que peut être la réalité, mais petit à petit une histoire émerge et tisse un fil. On suit alors le quotidien d'une équipe de la brigade des mineurs, un peu comme un reportage télé. Le film, inspiré de faits réels, est donc assez effrayant et on se doute bien, comme le montre le film, que les flics qui sont immergés là-dedans n'en sortent pas indemnes. Côté acteurs j'ai pris plaisir à retrouver deux actrices que j'aime beaucoup, Marina Foïs et Karin Viard, mises en situation d'affrontement dans le film, quand à Joey Starr il crève l'écran, c'est une révélation, je le sens bien parti pour le César du meilleur acteur masculin. Lors de la sortie du film, j'avais zappé par hasard sur la critique du film sur France Inter. Un des intervenants disait qu'il s'agissait d'un film particulièrement réussi "dont le seul défaut, c'est Maïwenn", Maïwenn réalisant le film et jouant également un des rôles féminins. Je trouve la critique injuste. La réalisation est bonne (mis à part un ou deux loupé au montage), propre, quand au rôle qu'elle interprète, il n'est pas si incongru qu'il parait au premier abord et la romance avec le personnage joué par Joey Starr amène un peu d'oxygène bienvenue dans un film qui serait sans cela bien trop étouffant tellement ce qu'il montre est dur. Bref, un film comme j'aimerais en voir plus souvent.

    Je suis en vacances cette semaine, j'en profite pour faire le plein de cinéma, il y a longtemps que cela ne m'était pas arrivé, et cela me fait beaucoup de bien.

    sin-city

    En DVD j'ai découvert avant-hier soir Sin City, film à l'esthétisme très étudié et très original, inspiré du roman/BD de Frank Miller. Une pléiade d'acteurs (entre autres Bruce Willis et Mickey Rourke) pour un film inclassable, qui m'a fait l'effet d'une grande claque visuelle ; j'aime beaucoup quand le cinéma se transcende lui-même.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique