• Hasard de la programmation, alors que j'ai peu été au ciné depuis début décembre, j'ai vu trois films, différents, mais ayant un point commun, celui de présenter trois portraits de femmes.

     

    Therese-Desqueyroux-afficheThérèse Desqueyroux, tout d'abord. J'attendais impatiemment ce film, adaptation du roman éponyme de François Mauriac, situant son action dans les Landes si proches de chez moi. Thérèse Desqueyroux, c'est l'histoire d'une femme de la petite bourgeoisie provinciale des années 30. Un mariage arrangé avec le fils du domaine voisin, de façon à réunir les terres des deux familles, des hectares de pins solidement arrimés dans le sable landais. Thèrese consent bien volontiers à ce mariage qui mettra, espère-t-elle, un peu de calme en elle. "Il y a trop de pensées dans ma tête" confie-t-elle à sa meilleure amie. Pour autant, le mariage avec Bernard Desqueyroux ne comblera aucun de ses désirs, la laissant amère et insatisfaite, au point de se laisser aller à empoisonner son mari. Le roman est basé sur une histoire vraie. Le film est une adaptation assez fidèle du roman, même si je n'y ai pas retrouvé les images du roman. Je n'ai pas été transportée par l'interprétation d'Audrey Tautou, par contre j'ai beaucoup, beaucoup apprécié Gilles Lellouche, qui joue le rôle de Bernard Desqueyroux, un homme massif, simple, solide, un peu brute même, mais qui a ses propres félures et dont les certitudes se heurteront à la complexité de Thérèse.

     

    VIOLETAJ'ai failli louper Violeta se fue a los cielos, film d'Andres Wood, réalisateur chilien confirmé, et heureusement que je me suis dépéchée d'aller à la dernière séance. Violeta, c'est Violeta Parra, poétesse et chanteuse chilienne. Née en 1917 dans une province pauvre du sud du Chili, Violeta Parra a très tôt été attirée par la musique, et compris l'importance des chants traditionnels, tout en composant elle-même des textes forts. Du Chili, on a retenu le nom de Pablo Neruda, parce que c'était un homme, à l'engagement politique, on ignore celui de Violeta Parra, parce que c'était une femme, et qui plus est une femme libre et passionnée. Violeta Parra s'est donnée la mort, quelques mois avant son cinquantième anniversaire, laissant derrière elle des poèmes, des chansons, des oeuvres plastiques, et un terreau fertile sur lequel naîtra La nueva cancion chilena, toute une génération d'artistes dont certains connaitront un succès international (pour ne citer qu'eux : les Quilapayun, groupe emblématique du Chili socialiste des années 70). Ma meilleure amie étant chilienne, il est vrai que je suis un peu intarissable sur le sujet ;-) Je connaissais Violeta Parra pour en avoir écouté quelques chansos chez mon amie, j'ignorais tout de sa vie, et j'ai découvert une femme magnifique. A noter que l'actrice qui interprète le rôle, Francisca Gavilan, actrice et également chanteuse elle aussi, est admirable et a une voix sublime. C'est elle qui interprète toutes les chansons du film, et on est transporté par sa voix puissante.

     

    The Deep Blue SeaDans la rubrique "sortez les violons" voici The Deep Blue Sea, vingt-quatre heures dans la vie d'Hester Collier, femme d'un riche juge britannique, de vingt ans son aîné, et qui va lui préférer les bras d'un jeune pilote de la RAF, dans l'immédiate après-guerre. J'ai cru que je n'arriverais jamais à tenir, tant je trouvais le film pompeux, et j'étais agacée par les larmoiements irritants du concerto de Barber accompagnant le film tout du long. Mais la passion d'Hester ne trouve pas l'écho souhaité dans le coeur du  pilote, et le film commence alors qu'Hester tente de se suicider. Elle en réchappe, et on va la suivre durant  la journée qui suit, et qui va la mener vers la rupture avec le pilote, mais aussi vers la renaissance à la vie. J'ai finalement apprécié le film, parce qu'en dépit de son artificialité formelle, il décrivait une histoire universelle et intemporelle.

     

    Trois femmes, donc, qui m'ont émue, dans lesquelles je me suis retrouvée. Des trois films, c'est celui d'Andres Wood que j'ai préféré sur le plan formel et esthétique, mais c'est également le portrait de Violeta Parra qui m'a le plus touchée, parce qu'elle s'est suicidée, probablement à la suite d'une rupture amoureuse, à l'âge qui est le mien aujourd'hui, mais aussi et surtout parce qu'il s'agit d'une femme qui a vraiment vécu, ce qui prouve que la réalité sera toujours supérieure à la fiction, ce qui est plutôt source d'espoir, je trouve. Trois femmes passionnées, bien que je commence à penser que la passion est finalement très destructrice, et que je devrais peut-être l'être moins moi-même.

     

    Sur Violeta Parra, le site officiel qui lui est consacré, ainsi que la traduction de sa chanson la plus célèbre (elle fut reprise par Joan Baez), Gracias a la Vidad.

    Gracias a la vida
    Merci à la vie
    Que me ha dado tanto
    Qui m'a tant donné
    Me dio dos luceros
    Elle m'a donné deux étoiles
    Que cuando los abro
    Que quand je les ouvrent
    Perfecto distingo
    Une parfaite distinction
    Lo negro del blanco
    Du noir du blanc
    Y en el alto cielo su fondo estrellado
    Et dans le ciel haut son fond étoilé
    Y en las multitudes
    Et dans les multitudes
    El hombre que yo amo.
    L'homme que j'aime

    Gracias a la vida
    Merci à la vie
    Que me ha dado tanto
    Qui m'a tant donné
    Me ha dado el oído
    Elle m'a donné l'ouïe
    Que en todo su ancho
    Que dans toute sa grandeur
    Graba noche y día
    Qui enregistre nuit et jour
    Grillos y canarios
    Criquets et canaries
    Martillos, turbinas, ladridos, chubascos
    Marteaux, turbines, écorces, averses
    Y la voz tan tierna de mi bien amado.
    Et la voix si douce de mon bien-aimé

    Gracias a la vida
    Merci à la vie
    Que me ha dado tanto
    Qui m'a tant donné
    Me ha dado el sonido
    Elle m'a donné le son
    Y el abecedario
    Et l'alphabet
    Con él las palabras
    Avec lui les mots
    Que pienso y declaro
    Que je pense et déclare
    "madre, amigo, hermano"
    ''mère, ami, frère''
    Y luz alumbrando la ruta del alma del que estoy amando
    La lumiere illuminant la route de l'âme de celui que j'aime

    Gracias a la vida
    Merci à la vie
    Que me ha dado tanto
    Qui m'a tant donné
    Me ha dado la marcha
    Elle m'a donné la marche
    De mis pies cansados
    De mes pieds fatigués
    Con ellos anduve
    Avec eux j'ai parcouru
    Ciudades y charcos
    Villes et flaques d'eau
    Playas y desiertos, montañas y llanos
    Plages et déssert, montagnes et lac
    Y la casa tuya, tu calle y tu patio.
    Et ta maison, ta rue et ta cour

    Gracias a la vida
    Merci à la vie
    Que ma ha dado tanto
    Qui m'a tant donné
    Me dio el corazón
    Elle ma donné le coeur
    Que agita su marco
    Qui agite son cadre
    Cuando miro el fruto
    Quand je regarde le fruit
    Del cerebro humano
    Du cerveau humain
    Cuando miro el bueno tan lejos del malo
    Quand je regarde le bien si loin du mal
    Cuando miro el fondo de tus ojos claros.
    Quand je regarde le fond de tes yeux clairs

    Gracia a la vida
    Merci à la vie
    Que me ha dado tanto
    Qui m'a tant donné
    Me ha dado las risas
    Elle m'a donné les rires
    Y me ha dado el llanto
    Et ma donné les pleurs
    Así yo distingo
    Ainsi je le distingue
    Dicha de quebranto
    Bonheur et déchirement
    Los dos materiales que forman mi canto
    Les deux matériels qui forment mon chant
    El canto de todos que es el mismo canto
    Le chant de tous qui est le même chant
    El canto de todos que es mi propio canto
    Le chant de tous qui est mon propre chant
    ¡Gracias a la vida !
    ¡Merci à la vie !


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  • Et pour lequel je mettrais bien en sous-titre "une adaptation inattendue" !

    le hobbit

     

     

     

     

     

    Que penser de ce Hobbit, par Peter Jackson ? Du bon, et du moins bon.

    En positif : le film débute par une série de scène se situant le jour de l'anniversaire de Bilbon, autrement dit, à l'époque du Seigneur des Anneaux. J'ai trouvé ça génial, c'est comme si on voyait de nouvelles scènes de La Communauté de l'Anneau, puisqu'on y retrouve Ian Holm et Elijah Wood, dialoguant avant l'arrivée de Gandalf. Ces scènes là n'existent pas dans le roman, puisque, rappelons-le, Bilbo Le Hobbit a été écrit avant la trilogie du SdA. C'est la "touche" Peter Jackson, celle là même qui a fait la qualité et le succès de l'adaptation du SdA. Autres points positifs : le casting. Si les images extraites du film me faisaient craindre le pire du côté du personnage de Bilbon et des personnages des nains, au final, il n'en n'est rien, les acteurs sont très bien. La bande originale, signée Howard Shore bien sûr, reprend les thèmes musicaux du SdA, j'en ai été très contente. J'ai été également extrèmemement contente de revoir la Comté, et Fondcombe sur grand écran !.

    En négatif : grosse déception au niveau de l'adaptation. Peter Jackson s'est emballé, comme c'est prévisible. On ne pouvait pas tirer une nouvelle trilogie d'un roman aussi court que Bilbo le Hobbit, Jackson a donc brodé allègrement, et je crie à la trahison ! Comme si cela ne suffisait pas, certaines scènes de poursuites ou de combats ne sont pas crédibles. Une poignée de "bons" contre des armées de "méchants", ça passait dans le SdA, ça ne passe pas du tout dans le Hobbit. Trop, c'est trop, et de plus certaines scènes sont illustrées musicalement d'une façon qui rappelle un peu trop Indiana Jones, ça m'a prodigieusement agacée, et déçue, aussi.. Par ailleurs, si les effets spéciaux sont toujours aussi bons, j'ai trouvé que certains passages étaient brouillons, souffrant d'une trop grande multitude de personnages, de mouvements de caméra et de décors (en particulier dans les cavernes des trolls). Enfin, j'avoue, j'ai trouvé le film presque un peu trop long, en dépit d'une action incessante, ou peut-être justement, à cause de cette action incessante qui finit par être fatigante.

    Du coup, j'hésite : vais-je aller le revoir ? (j'avais vu chacun des films de la trilogie 3, voire 4 fois lors de leur sortie). Je pense que oui, pour la magie du spectacle sur grand écran, et puis parce que la magie de l'univers de Tolkien, même dénaturée, demeure.

    Enfin, à l'affiche officielle (celle en haut de l'article), je préfère celle ci-dessous, qui, en grand format, est extraordinairement magnifique et me parait résumer l'essence de la trilogie du Seigneur des Anneaux.

     

     

    hobbit-poster-cc

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  • L'affiche était collée sur la porte de la cafétéria, au boulot, et je suis restée en arrêt devant, en disant : "cette affiche est très belle !".

    l amant
     
    Un peu plus tard dans l'après-midi, une des collègues avec qui j'avais déjeuné est arrivé, m'a remis un petit prospectus : cette même affiche, avec un petit "grigri" au stylo dans un des coins. Elle m'a dit "si tu y vas ce soir, ou jeudi prochain, pour une entrée tu as une entrée gratuite." (est-ce que ce genre de chance marche aussi si je me plante devant une affiche de la Française des jeux ?) Alors comme depuis quelques mois, je ne laisse pas passer une occasion de sortir, de découvrir ce que je ne connais pas encore, j'ai proposé à une amie de m'accompagner, et j'ai appelé le théatre illico pour réserver.
     
    Dans le tram, au retour du théatre, un des acteurs, qui rentrait en tram lui aussi, avec des amis venus l'applaudir, a dit "cette pièce, elle est vraiment barrée". C'est vrai, et tout le monde sort de la représentation en cherchant à comprendre le sens de la pièce. N'empêche, c'est pas mal. L'intrigue : l'éternel trio amoureux : une femme, son mari, son amant. Mais quand le mari est aussi l'amant, ça devient plus compliqué qu'il n'y parait.
     
    La salle est une toute petite salle, dans le quartier populaire bordelais de Saint-Michel, avec une station de tram juste à côté, donc c'est pratique, et rassurant pour moi qui ne suis jamais rassurée dès qu'il fait nuit. La salle est donc toute petite, 70 places (très confortables !) et les murs de pierres centenaires font un bel écrin pour le spectacle. Les photos sont interdites, hélas, je n'ai donc pas pu prendre de photo  :-(   mais je comprends : la salle est petite, il y a une grande proximité entre le public et les acteurs, ça pourrait les déranger si on sort les APN !  Proximité que j'ai beaucoup apprécié.
     
    Je découvre donc le théatre, et j'aime beaucoup ça. Il y a une dimension bien différente du cinéma, c'est vivant, plus chaleureux, et ça me plait beaucoup. Le hic, ça coûte plus cher que le ciné  :-(    et c'est bien dommage, car je serais bien ressortie ce soir voir une nouvelle pièce !!!
     
    Décembre promet d'être intense en cinés et théatre : j'attends impatiemment la sortie de Thérèse Desqueyroux au Jean-Eustache, et je vais essayer de trouver de "bons plans" pour aller voir une pièce de théatre ou deux !
     
    Comme je ne travaillais pas hier, je suis allée au ciné dans l'après-midi (Une famille respectable, film iranien). J'ai remis ça cet après-midi pour L'Air de Rien, mais entre ces deux séances à l'Utopia, je suis allée dans un méga CGR hier soir pour un film grand public : Star 80 ! Pour être honnête, je n'avais pas prévu d'y aller, je m'attendais à une "daube commerciale". Oui mais voilà... en fait j'ai beaucoup, beaucoup ri, et aussi beaucoup chanté. C'est très drôle, les chanteurs, stars des années 80 (Emile et Images, Cookie Dingler, Peter et Sloane...) y font preuve de beaucoup d'humour et d'auto-dérision. Et le public d'un CGR est certes plus bruyant, mais il est moins coincé que celui de l'Utopia : on chantait beaucoup dans la salle, jusqu'au moment du  générique final, en forme de karaoké !
     

    stars 80
     
    Il faut dire ce qui est : la culture, c'est bien, mais souvent, c'est chiant. Le cinéma d'auteurs, israéliens (Sharqyia, la semaine dernière), iraniens (hier), danois (La Chasse, la semaine prochaine), c'est intéressant, c'est militant, c'est engagé, mais c'est chiant. Ceci dit, j'attends avec impatience Thérèse Desqueyroux et j'apréhende d'être déçue car j'ai relu le roman cet été, et il m'a fait une très forte impression. Il y a par contre un "petit" film qui vient de sortir, et qui n'est pas mal du tout, c'est L'Air de rien, et qui mérite la découverte. !
     
    l-air-de-rien-620x0-1
     
    L'air de Rien, c'est la rencontre de Bruno, huissier par filiation plus que par vocation, et de Michel Delpech, dans le rôle d'un Michel Delpech fauché et poursuivi par les créanciers. Mais voilà, Michel Delpech, c'est toute l'enfance de Bruno, et il ne se résout pas vraiment à saisir la maison du chanteur préféré de son papa. Il a alors une idée : remettre Michel Delpech sur scène. Et les voilà partis pour une tournée dans les discothèques de la campagne de Haute-Loire, avec Michel qui chante et Bruno qui colle les affiches...  Dans la foulée de Stars 80, que j'ai vu hier soir, j'ai beaucoup apprécié ce film qui malheureusement aura une diffusion plus restreinte et qui est pourtant un petit bijou de tendresse et d'humour.
     
    Entre ciné et théatre, je trouve encore le temps de lire  :-)   Entre deux chapîtres des Vestiges du Jour, de Kazuo Ishiguro, j'ai relu Un long dimanche de fiançailles, de Japrisot (je ne comprends toujours rien à l'histoires des bottes, mais je le trouve toujours aussi génial). Comme j'ai terminé les deux, je ne sais pas encore si je me lance dans le Franzen (La zone d'inconfort) qui m'attend à côté de mon lit, ou si je me lance dans la redécouverte de La Case de l'oncle Tom.
     
    Avec tout ça, finalement, je n'ai pas été au festival du film d'Histoire de Pessac, mais je ne peux pas être partout !.

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  • J'ai donc découvert Jonathan Franzen, qui figurait depuis longtemps sur ma liste à lire, par son roman Les Corrections.

    Les Corrections, c'est, sur 700 pages, l'histoire d'une famille américaine, de la classe moyenne. Il y a les parents Alfred et Enid, qui vieillissent dans la maison familiale qui vieillit aussi, et leurs trois enfants, Chip, Gary et Denise, tous adultes - au moins en âge, et indépendants, et si le bouquin fait 700 pages c'est que Franzen a découpé le roman en plusieurs parties, chacune étant consacrée à un personnage. C'est donc presque plusieurs romans formant un roman global. Un fil conducteur : le Noël à venir, dont Enid, sentant que c'est un des derniers qui verra la famille réunie (Alfred, malade, déclinant rapidement), fait l'objet principal de ses préoccupations, alors que les enfants, qui sont par ailleurs des adultes, sont plus ou moins enthousiastes à l'idée de cette réunion familiale.

    Je l'avoue franchement : au bout de cinquante pages, j'ai failli abandonner. Parce que la première partie du roman est consacrée à Chip, personnage dans lequel je ne me retrouvais pas et pour qui je n'avais aucune sympathie. J'ai tout de même persévéré (l'intuition que j'allais louper qq chose). J'ai bien fait : j'ai retrouvé beaucoup de moi-même, de ma vie, de ma famille, dans ce roman, et cela m'a même fait beaucoup de bien, en ce moment où je dois faire face au vieillissement et à la maladie de mes parents, à l'éclatement et l'individualisation de la fratrie. Je n'aime pas cette expression, mais, pour une fois, je vais l'utiliser : ce livre "m'a parlé".

    Franzen s'est-il inspiré de sa propre expérience ? Si ce n'est pas le cas, il fait preuve avec maestria d'une des qualités à laquelle on reconnait le grand écrivain : la capacité à percevoir la réalité de la vie d'autrui.

    Je ne vois pas pourquoi je devrais aller à Saint-Jude à une date particulière. Si papa et maman étaient mes enfants, que j'aurais créés à partir de rien sans leur demander leur permission, je pourrais comprendre être responsable d'eux. Les parents ont un extrème intérêt darwinien et génétiquement programmé au bien-être de leurs enfants. Mais les enfants, me semble-t-il, n'ont pas de semblable dette envers leurs parents.

    Fondamentalement, j'ai très peu de choses à dire à ces gens. Et je ne pense pas qu'ils aient envie d'entendre ce que j'ai à dire.

    Du coup, vendredi, j'ai emprunté un autre de ses romans :-)


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  • J'avais lu Le Vieil homme et la mer, au collège, puis un ou deux romans un peu plus tard, sans accrocher. J'avais trouvé Hemingway relativement ennuyeux. Je viens de le redécouvrir grâce à l'unique collègue masculin de l'équipe, et c'est une redécouverte sympa.

    Si notre père n'avait pas été républicain, Eladio et moi, nous serions soldatsc hez les fascistes en ce moment ; et si on était soldats chez eux, ça ne serait pas compliqué. On obéirait à des ordres, on vivrait ou on mourrait, et, en fin de compte, il arriverait ce qui arriverait. Il est plus facile de vivre sous un régime que de le combattre.

    Mais cette lutte clandestine, c'est une chose dans laquelle il y a beaucoup de responsabilités. Beaucoup de soucis, et on est un gars à s'en faire. Eladio, il réfléchit plus que moi. Aussi, il s'en fait. Moi, je crois vraiment à la cause, et je ne m'en fais pas. Mais c'est une vie dans laquelle il y a beaucoup de responsabilités.

    Je trouve que nous sommes nés dans un temps très difficile, songea-t-il. Je pense qu'à n'importe quelle autre époque, ça devait être plus facile. On ne souffre pas beaucoup, parce qu'on est habitué à résister à la souffrance. Ceux qui souffrent ne sont pas faits pour ce climat. Mais c'est une époque de décisions difficiles. Les fascistes ont attaqué, et ça, ça nous a décidés. On lutte pour vivre. Mais je voudrais pouvoir attacher un mouchoir à ce buisson, là derrière, et revenir un jour prendre les oeufs et les faire couver par une poule et voir les petits perdreaux dans ma basse-cour. Moi, ça me plairait des petites choses simples comme ça.

    Mais tu n'as pas de maison et pas de basse-cour dans ta pas-de-maison (...). Tu es un phénomène de philosophie et de pauvre bonhomme.

    Pour qui sonne le glas se déroule en pleine guerre civile espagnole. Un jeune professeur américain, Robert Jordan, fait partie des Brigades internationales. Il arrive dans un campement républicain avec une mission, faire sauter un pont. Il a trois jours pour préparer et mener à bien sa mission.

    Je m'attendais à un récit "d'action", mais ce n'est pas ça. L'action est relativement statique, on s'intéresse plutôt à Jordan et aux personnages qui gravitent autour de lui pendant ces quelques jours particuliers, puisque l'issue de la mission est incertaine, et que l'armée franquiste peut à tout moment débusquer le campement républicain. Hemingway met en scène des hommes et des femmes, pris dans la tourment d'un conflit qui les dépasse et leur accorde plus d'importance qu'au conflit lui-même. Il ne s'agit pas de surhommes, de héros, mais ce sont des hommes et des femmes simples, qui auraient préféré vivre en paix, mais qui font face et assument les sacrifices que leur choix politique implique. Un livre à la fois simple et fort, que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt pendant plusieurs soirées.


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