• La "bienveillance"

    J'ai donc repris le travail la semaine dernière, sur les chapeaux de roue tant il faut que j'intègre de nouveautés. J'ai attaqué cette nouvelle semaine un peu moins en forme, je suis très fatiguée, je me pose - comme toujours - des questions sur ma capacité à arriver à la hauteur des autres - de Théo cette fois. Théo, que j'ai connu hésitant et peu sûr de lui sur un autre poste, se révèle à l'aise dans ce poste nouveau pour lui, alors qu'il a intégré l'équipe il y a tout juste deux mois. 

    Contexte de ce qui va suivre : depuis que je suis dans cette équipe, je m'occupe régulièrement de la boîte mail de l'équipe, supprimant les mails qui n'ont pas d'importance (de simples informations où nous ne sommes qu'en copie), classant les autres. J'ai pris l'habitude, les jours où je termine un peu plus tard que les autres ("les autres" il faut savoir que nous ne sommes que trois dans l'équipe, Chen, David puis Samee, et moi) je leur laisse un message sur Teams si un mail important est arrivé, qu'on traitera le lendemain. Je fais ça parce que la boîte mail est polluée par pas mal de mails d'une part, et que les deux autres, Chen en particulier, la regardent un peu moins que moi. 

    Ce qui s'est passé : mardi soir j'ai donc laissé un message sur Teams (nous y avons une discussion commune) leur parlant d'un mail qui venait d'arriver et dont d'ailleurs je ne me souviens plus du sujet. Mercredi, dans un des échanges que nous avons régulièrement au fil de la journée entre nous, via Teams, Chen m'a alors dit "écoute, on se connait bien maintenant, au bout de trois ans on peut se dire les choses, alors voilà : tes messages que tu nous laisses le soir sur Teams, ça nous agace. Ca agaçait David, ça agaçait Samee, et moi ça m'agace aussi. On sait bien que tu n'en n'as pas conscience et que ça part certainement d'une bonne intention, mais franchement, c'est agaçant. " Et il a poursuivi en me disant qu'il avait été briefé par notre manager, lors de son arrivée, sur le fait qu'il fallait prendre soin de moi parce que j'étais fragile, que j'étais en fin de carrière... bref qu'il devait être "bienveillant" avec moi...

    Je me suis effondrée et, à l'autre bout de l'écran, il ne s'en est pas aperçu. La conversation s'est terminée et je suis allée pleurer dans les toilettes, Théo qui avait suivi la conversation m'a regardée, je pense qu'il ne savait pas quoi dire - parfois se taire est la meilleure des choses à faire. En fin de journée j'ai envoyé un mail à Chen - je n'étais pas en état de lui parler - en lui disant que oui, il avait eu raison et mais que non, ce n'étais pas le bon moment. Le bon moment c'était il y a trois ans, j'aurais rectifié le tir et ils ne seraient pas excités contre moi. Et surtout ça m'aurait évité d'apprendre maintenant qu'ils m'avaient bonne figure depuis trois ans tout en me descendant par derrière. Joie des relations humaines. 

    Bref, la """"bienveillance"""" c'est un super truc qui te permet de balancer de vacheries tout en souriant et en enfonçant l'autre.  Si ma psy m'avait vu le soir même, elle m'aurait de nouveau mise en arrêt aussitôt et elle aurait eu raison. Bosser encore quatre ans de plus ça ne m'intéresse plus, je vais au travail tous les jours à contrecoeur, j'avais réussi à me remotiver avec l'arrivée de Théo, et voilà que je replonge. 

    Une chose presque positive au moins : ça me conforte dans l'opinion que j'avais déjà de Chen.

    Je suis repartie au travail le lendemain, repartie façon de parler je suis restée chez moi, dans la continuation des petites galères ma voiture avait un problème de fuite dans le circuit de refroidissement, suite de l'accident du mois dernier (mais heureusement j'avais rdv chez Renault ce matin pour le changement des freins ça m'a donc permis de leur demander de se pencher sur ce nouveau problème), mais de toute façon je n'étais pas en état d'aller au bureau. Le télétravail est pratique pour bien des choses, même celles qu'on n'imagine pas au premier abord.

    J'avais un rdv téléphonique avec l'assistante sociale dans l'après-midi pour faire le point sur mes indemnités journalières (petite galère encore, j'ai eu du mal à comprendre les indemnités qui m'ont été versées lors de mon arrêt maladie à temps partiel en novembre denier), j'avoue m'être un peu épanchée sur son épaule téléphonique et elle m'a alors dit de ne pas hésiter à m'arrêter de nouveau, ou au moins de voir avec le médecin du travail pour passer mon temps partiel thérapeutique de 80 % à 60 % - proposition qu'il m'avait faite mais que j'avais déclinée pour ne pas laisser Théo tout gérer deux jours par semaine. Bref, non seulement je suis fatiguée mais la dépression est toujours là.

    Bref, sujet clos. Renault vient de m'appeler pour me confirmer que l'expert passé voir ma voiture lors de l'accident du mois dernier n'avait pas vu tous les dégâts, et que ça va me coûter mille euros... Je viens de laisser un message à mon assurance leur demandant de me rappeler le plus rapidement possible puisque c'est une défaillance de l'expert... les petites galères deviennent un peu plus grosses.... Respirer un grand coup et faire face.


  • Commentaires

    1
    Chantal
    Samedi 16 Mars à 08:15

    Hier, quand j'ai lu ce texte, je n'étais pas très dispo pour laisser un commentaire et puis j'ai les idées plus claires le matin que le soir. 

    Heureusement que Chen a été briefé par votre manager lors de son arrivée (datant de quand ?) sur le fait qu'il fallait prendre soin de vous, que vous étiez fragile, en fin de carrière..., qu'il devait être "bienveillant". Sinon, je me demande comment il vous aurait dit ça. 

    En dehors du fait qu'il l'a dit au mauvais moment et pas il y a trois ans au moment où vous avez mis en place ce fonctionnement au sujet des mails importants arrivés en fin de journée, auriez-vous préféré qu'il le dise lors d'une discussion informelle autour d'un café et en prenant des précautions ? Moi oui. Pourquoi parle-t-il de David et Samee ? Est-il leur porte-parole ? Se cache-t-il derrière eux ? Est-ce vraiment une découverte que l'on parle derrière votre dos ? Cela ne signifie pas qu'ils n'avaient que du mal à dire de vous et effectivement c'est désagréable d'autant plus que cette façon de faire était pour le mieux du service et soulager vos collègues.  

    Comme vous dites, la "bienveillance" autorise certaines personnes à dire tout et n'importe quoi, sans précaution ni ménagement.  

    Si vous pouvez réduire votre temps partiel thérapeutique, vous ne vous en porterez que mieux. La fatigue, la pression baisseront et la dépression aussi, je l'espère.

    Très bon weekend.

      • Dimanche 17 Mars à 17:56

        La vie en collectivité c'est jamais facile ! Bah comme disait ma mère "je mets ça dans ma poche et mon mouchoir par dessus". Elle disait aussi "je ne dis rien et je n'en pense pas moins". Ca conforte l'idée que j'avais de Chen et bon, il y a tellement de choses plus graves. Je suis allée voir Une Vie hier au cinéma et bouh ! je vais arrêter de me plaindre :-)

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