• Le beau gosse du moment...

    C'est Ryan Gosling, simultanément sur les écrans pour Drive, et Les Marches du Pouvoir. C'est un peu déroutant de le voir dans deux films aussi différents, mais cela permet aussi d'aprécier le jeu de l'acteur capable d'endosser deux rôles qui n'ont pas grand'chose à voir l'un avec l'autre.

     driveDrive. Que dire, par où commencer ? Le scénario : un homme (étrange, mécano le jour, cascadeur pour le cinéma de temps en temps, malfrat la nuit) tombe amoureux d'une femme, dont le mari est en prison. A sa sortie de prison, le mari, qui doit de l'argent aux caïds qui l'ont protégé là-bas, doit commettre un casse pour les rembourser. Malheureusement, l'argent volé appartient à la mafia, et l'amoureux - platonique - de la femme va essayer d'arranger les choses.

    Du moins, si j'ai tout bien compris. Car l'intrigue, même en voyant le film deux fois, m'a parue un peu nébuleuse quand à cette histoire de mafia.

    Ce n'est donc pas l'originalité de l'intrigue qui fait le succès de Drive. Drive, c'est une ambiance, une BO surprenante, c'est un film américain... réalisé par un danois, et ça change tout. Du réalisateur Nicolas Winding Refn, j'avais vu, l'an dernier, le très bizarre Walhala Rising, Le Guerrier silencieux, film à la limite de l'expérimental - on adore ou on trouve ça à chier. Ce nouveau film n'est d'ailleurs pas sans rappeler le précédent : un héros sans nom, qui vient d'on ne sait où, muet ou presque, capable d'une violence aussi brutale que soudaine. Comme je  l'ai dit, ce n'est pas un film qui se démarque par l'originalité de son thème, par ailleurs déjà traité mille fois au cinéma. Là le film se démarque, c'est par son traitement, un esthétisme surprenant et assumé, au risque de déplaire au spectateur qui s'attendrait à un film à effets spéciaux, cascades et courses de voitures. Car de ce côté là, on est plutôt dans l'ellipse. Il est cascadeur pour le ciné : séquence de trente secondes. Il est coureur de courses : autre séquence de trente secondes. Juste histoire de donner corps au personnage. Par contre, le film s'attarde sur les scènes de violence, une violence extrème (j'ai fermé les yeux), mais également sur les scènes de séduction. Mais encore une fois, le traitement de ces scènes passe par une esthétique bien différente des codes du genre : tout passe dans le regard, coups d'oeil timide, légers sourires, dans des émois qui laissent penser que les personnages sortent presque de l'adolescence, fossettes à l'appui, et soulignent donc la violence du film. C'est d'ailleurs bien la caractéristique de ce film, ce hiatus permanent entre tendresse et violence.

    Je n'aime pas mettre de lien externes à mon blog, en voici un cependant, celui du générique du film, qui rend bien l'ambiance de ce film tout à fait particulier.

    Un dernier mot : la musique. La bande originale est aussi surprenante que le film, une musique electronique planante, qui contribue beaucoup à l'esthétique du film. Les dialogues sont rares, la musique est plus pregnante et a son propre rôle, en contribuant à singulariser le film.

    Bref, un coup de coeur pour ce film, vu deux fois, pour sa différence, son originalité, pour ses personnages à mille lieux des personnages habituels, et une bo que j'ai adoré. A noter enfin que le film se place très bien au box-office, ce qui me suprend un peu, mais me fait plaisir.

     

    Quand aux Marches du Pouvoir... il se fait tard, j'en parlerai une autre fois.


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  • Ces dernières semaines, je suis allée au cinéma, comme d'habitude. Mes petits tickets (que je conserve précieusement) m'indiquent que je suis allée voir, entre autres :

    Et maintenant, on va où ?

    et maintenant on va oùUn joli film, sur la tolérance et l'acceptation de l'autre. Dans un petit village isolé du moyen orient, deux communautés, musulmane et chrétienne, vivent ensemble, mosquée et église côte à côte sur la place du village. Mais les nouvelles du monde menacent en permanence la paix fragile qui règne là. Les femmes se sont insituées les gardiennes de cette paix, et font tout ce qu'elles peuvent pour détourner l'attention des hommes des querelles fratricides qui ont vite fait d'éclater. Quitte à réunir leurs économies pour faire venir au village une troupe de danseuses russes tout droit sorties d'un cabaret "chaud" de la ville voisine par exemple. Le film oscille donc entre drôlerie et drame, car l'actualité finit par rattraper ce petit village pourtant à l'écart du monde. Une belle lumière, une réalisation intéressante, parfois audacieuse, comme la scène d'ouverture qui met en scène les femmes du village d'une façon très théatrale dans une sorte de ballet funèbre. Le film a reçu une bonne critique, et c'est amplement mérité.

     

    Un film qui a fait coulé beaucoup d'encre, c'est bien sûr The Artist.

    the artist

    Bon. The Artist, film muet (avec cartons !), et en noir et blanc ! Il parait que c'était un pari risqué, je ne suis pas bien sûre, je pense que c'était mal connaître les spectateurs. L'intrigue est bonne, elle ramène à l'époque charnière où le cinéma bascule du muet au parlant, évolution qui, en dépit de ce qu'on pourrait penser aujourd'hui, n'allait pas de soi et aller provoquer la déchéance de bien des vedettes du muet. C'est le cas du personnal principal de ce film, George Valentin, interprété à merveille par Jean Dujardin, mais Dujardin interprète toujours ses personnages à merveille, ça devient lassant. Sauf que cette fois-ci, j'ai moins accroché. Je ne voyais pas George Valentin, je voyais Jean Dujardin. Et puis pour moi, ce n'était pas un "vrai" film muet en NB, cela faisait trop fim actuel qui joue au film muet en NB. Ceci dit, c'était quand même agréable, je ne vais pas cracher dans la soupe, j'ai passé un bon moment. Contre toute attente, le public était assez jeune et j'ai été suprise de voir les adolescentes à côté de moi accrocher totalement à l'histoire et "vivre" le film, pour preuve le "ah" de surprise qu'elles ont laissé échapper vers la fin du film, lors d'un dernier rebondissement.

     

    Poulet aux Prunes.

    poulet aux prunes

    De Marjane Satrapi et son compère dont j'ai oublié le nom (et j'ai la flemme d'aller le  chercher sur google-est-ton-ami). L'histoire d'un violoniste qui perd son envie de vivre quand il perd son violon, et décide de mourir. Ce n'est pas folichon, et pourtant le film est assez drôle, mais tout en finesse. L'histoire est brodée par petites touches, comme les fils d'un tapis persan. C'est tiré d'une BD de Marjane Satrapi, et bien qu'il s'agisse d'un film, la réalisation arrive à se rapprocher du graphisme de la bd, c'est très bien fait et cela donne une touche d'originalité au film, c'est très agréable. Là encore, j'ai passé un bon moment, et le film mériterait le succès. J'ai beaucoup apprécié Mathieu Amalric, dans le rôle principal.

     

     

    Bien moins drôle, De Bon matin, avec Jean-Pierre Daroussin.

    de bon matin

    Un matin, un homme se lève, et comme tous les matins il se lave, s'habille, costume cravate et chaussures noires à fin lacets - l'uniforme de tous les cadres français. Un jour comme un autre. Arrivé sur son lieu de travail, il parcourt les couloirs, les bureaux en open-space, puis sort un révolver de son attaché case et tue deux hommes.

    Retour arrière sur les mois précédents le drame : De bon matin nous fait vivre ces derniers mois, l'arrivée d'un nouveau responsable, d'un "manager" venu là pour faire "du chiffre", des résultats. Des chiffres, des résultats... pas de place pour l'Homme là dedans.

    De bon matin, c'est tout simplement ça, le récit d'une (ré)organisation comme une autre, banale, comme on en vit dans toutes les entreprises. Aucune exagération, c'est comme ça que ça se passe. Avec les conséquences que cela peut avoir, comme chez France Telecom par exemple. Ce qui  est terrible, ce n'est pas le film, c'est qu'on ne peut pas se dire "ce n'est qu'un film, c'est du cinéma". Tout le long du film on sait que c'est vrai, parce que quasiment chacun de nous vit désormais cela au quotidien, feuilles de route, plannings, objectifs, reportings, quick wins, best practices... Daroussin est magistral. J'ai été bluffée par la façon dont son visage se transforme insensiblement, passant de celui d'un homme "normal" à celui d'un homme souffrant de son travail. A voir, donc, même si ce n'est pas divertissant, parce que la réalisation et les acteurs sont impeccables, tout au service de ce film dur et vrai.

     

    A venir, ma critique de Drive - mon engouement survivra-t-il à une deuxième projection ?...

     


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     Le Cochon de Gaza, film français de Sylvain Estibal. Jaafar, le personnage principal, est joué par Sasson Gabai, déjà vu dans le très beau film La Visite de la Fanfare, où il donnait la réplique à Ronit Elkabetz.

    Jaafar, pêcheur palestinien, relève dans ses filets un... cochon, bien vivant. Mais le cochon est un animal impur pour les musulmans, comme pour les juifs. Il faut donc se débarrasser de l'animal dont personne ne veut. Mais comment ?

    C'est donc le point de départ de ce film, qui joue sur le terrain de la comédie et de la fable. C'est en effet très drôle. Mais Estibal utilise toutes les formes d'humour, et l'on rit des gags qui s'enchaînent tout comme on apprécie le second degré de certaines situations. J'ai beaucoup apprécié cet aspect du film, je trouve qu'Estibal, pour son premier film, s'en sort plutôt bien.

    Tout au long de l'histoire, Jaafar va devoir faire face aux intégrismes des deux bords, soldats  israéliens armés jusqu'aux dents et extrémistes musulmans qui cherchent leur nouveau martyr. C'est ainsi que Jaafar va se retrouver bien malgré lui embarqué dans un enchaînement de situations toutes aussi burlesques, voire ubuesques, les unes que les autres, et dont le point commun est de dénoncer l'absurdité du conflit israélo-palestinien. Il y a du Charlot, dans ce film, et Sasson Gabai est excellent. Et on finit par s'attacher... au cochon.

    J'ai beaucoup ri, mais j'avais la gorge serrée à la fin, parce qu'au delà de l'humour, le sujet du film est surtout et avant tout la difficulté des deux communautés à vivre ensemble sur le même bout de terre. Le film n'a laissé personne indifférent, et, chose rarissime, les spectateurs on applaudi à la fin. La salle était pleine, et je pense que le film fera un bon nombre d'entrées dans les semaines à venir.


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  • habemus papam

      Habemus papam, de Nanni Moretti, un des films dont on parle beaucoup en ce moment. En ce moment aussi, je vais vois des films dont on parle, pas les obscurs films d'art et d'essai. Ca change.

    Bon, je déteste Piccoli. Je l'ai toujours détesté, c'est un type qui me fait un effet très désagréable, mais je suis  quand même allé voir le film, parce que la bande annonce m'avait parue sympa, de même que la critique du film dans la gazette de l'Utopia. Je ne l'ai pas regrettté. En plus, je l'ai vu en VO, comme d'hab, j'adore les films en VO, et j'adore aussi l'italien, alors j'ai été comblée. L'italien est la langue que je préfère.

    Bref, Piccoli. Il m'a un peu gâché le film. J'aurais préféré un acteur quasi inconnu, un acteur qui ne s'interposerait pas entre le personnage et moi.

    Habemus papam, donc, est la phrase rituelle prononcée après l'élection d'un nouveau pape (parce que les papes sont élus). "Nous avons un pape", ceci dit d'un ton solennel en même temps que triomphant, un nouveau pape c'est l'Eglise qui a un nouveau chef spirituel, un nouveau Pierre, un nouveau berger. Mais en l'occurence ce cardinal, qui se voit propulsé au siège le plus haut du monde chrétien, a plutôt l'impression que le... ciel lui tombe sur la tête. Et le voilà qui se sent incapable d'affronter la mission qui l'attend, qui se sent incapable d'affronter la foule qui l'attend, place Saint Pierre, cette chrétienté qui l'attend pleine d'espoir.

    Voilà qui met le conclave (l'assemblée des cardinaux qui élisent le nouveau pape, l'un d'entre eux) dans l'embarras. La situation est inédite, et ils se demandent comment réagir face à ce pape un peu hagard. Un psychanlyste appelé à la rescousse ne sera pas d'un grand secours, mais voilà que le pape fraîchement élu trompe l'attention de sa garde rapprochée et s'enfuit dans Rome....

    Je n'en dis pas plus, je ne veux pas gâcher le plaisir de la découverte à ceux de mes lecteurs qui voudraient aller voir ce film.

    Mon avis : une comédie assez fine, avec quelques bons moments de dérision, d'irrévérence, une pointe de causticité des plus agréables. Quelques scènes mémorables, dont celle de la confrontation du psychanalyste et des cardinaux. Pour autant, l'Eglise est traitée avec respect,  Nanni Moretti est parti sur une hypothèse, celle d'un homme qui refuserait d'être pape, et non sur une critique de l'institution chrétienne. Comme je l'ai dit plus haut, je n'aime pas Piccoli et j'ai donc eu du mal à adhérer à son personnage, je le regrette, car cet homme en proie à la plus grande des interrogations est fort intéressant. A noter de superbes décors, on a vraiment l'impression d'être dans le sein même du Vatican, c'est bluffant.

    Un film particulièrement original de part son sujet, et une réalisation soignée, bref, à aller voir.


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  • Je n'avais pas arrêté mes séances ciné, mais mes compte-rendu, oui. Je reprends !

    Alors, dans ma besace des deux dernières semaines, This must be the place, et La guerre est déclarée.

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    This must be the place, c'est l'histoire de Cheyenne, un vieux chanteur punk dépressif qui, suite au décès de son père, va partir à la recherche d'un vieux nazi, car son père avait recherché celui-ci toute sa vie. Bon. Le maquillage de Sean Penn est formidable. Mais sa façon de jouer les Droopie tout au long du film m'a parue excessive, j'ai fini par ne plus vraiment accrocher, quand au road-movie promis, là encore, j'ai été déçue. De longues routes américaines, de splendides paysages ne suffisent pas à faire un bon road-movie. Certes, la lumière est très belle, les panoramiques admirables, l'Amérique du Nord, on le sait, est extrèmement photogénique. Mais voilà, cette histoire de poursuite d'un vieux nazi ne tient pas trop la route, la prétendue dépression de Cheyenne non plus. Le film bénéficie d'une bonne critique me semble-t-il, tant pis, ce n'est pas que je n'ai pas aimé, au contraire, j'ai passé un bon moment grâce aux seconds rôles, mais je n'ai pas été emballée à la hauteur de ce que j'en espérais, vu le battage médiatique fait autour du film.          

        .

    La Guerre est déclarée, c'est LA sortie française de la semaine dernière, le film qui a droit à la grande salle de l'Utopia. La guerre est déclarée, co-écrit et co-réalisé par Valérie Donzelli (dont j'ai déjà apprécié le premier film, La Reine des pommes) et son ex-compagnon Jérémie Elkaïm, est l'histoire vraie de leur combat face à la maladie de leur fils, atteint d'une tumeur au cerveau lorsqu'il était enfant. Aucun auto-apitoiement, aucun pathos, c'est avant tout l'histoire d'un couple qui veut faire face à cette maladie comme si leur énergie, leur volonté, elles-mêmes allaient combattre et vaincre le cancer. La réalisation est dynamique, originale, l'humour s'invite même au programme ! Aucune scène du jeune enfant malade, les auteurs n'ont clairement pas voulu exploiter la fibre sensible du spectateur. Le thème du film est celui du combat du couple, pas celui de la maladie. Le parti-pris est audacieux, le résultat est un film hors du commun, qui mérite d'être vu, et d'être reconnu pour ses nombreuses qualités. Je le donne bien placé pour les prochains César.
     
    Au programme dans les semaines à venir l'alléchant Habemus Papam. Je n'irais pas voir le film sur l'affaire d'Outreau (j'en ai oublié le titre), pas plus que je n'ai été voir Omar m'a tué, car j'évite les films dont je devine à peu-près le propos, dont je n'attends pas de surprises, même si la réalisation peut être excellente. Pour moi le cinéma reste un divertissement, plus encore : un étonnement. Prochaines séances à suivre, donc.

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