• (mais on le savait déjà).

    Bon, il m'est arrivé un truc incroyable cet après-midi.

    J'étais ds le tram, et il y avait un type, visiblement plus jeune que moi, approximativement la trentaine, qui semblait me regarder (les lunettes de soleil, c'est pas pratique pour savoir ce que regardent les gens). Je descends du tram, je constate qu'il descend aussi, toujours en me regardant. Je commence à marcher, et qq coups d'oeil successifs me permettront de constater qu'il me suit. J'avoue que je finis par sourire, amusée de la situation.

    Et tout d'un coup, le voilà à ma hauteur :

    "Vous êtes vraiment charmante."

    Et là, déjà, il avait tout faux.

    Parce que s'il m'arrive d'être charmante, ce n'était certainement pas aujourd'hui, avec la crise d'angoisse qui me taraudait depuis le milieu de la journée. Je devais être blanche, avec les traits tirés, et pas vraiment souriante.

    Bon, je le laisse continuer, parce que ça m'a quand même bien fait rire, sur le moment, ce type qui commençait à me sortir tout un tas de compliments, de poncifs ("cette rencontre, dans le tram, c'est le destin" !). Gag, pari avec des copains ? je le lui ai demandé, je me suis gentiment montrée sarcastique, mais il s'accrochait, le bougre.

    Bon, j'avoue, je trouvais ça tellement incroyablement absurde, cette situation, que... je l'ai suivi jusque chez lui. Vague inquiétude, tout de même, à ce qu'il n'y soit pas seul... (barjeotte, oui, je sais). En chemin, une altercation avec une handicapée qui m'a menacée d'une canne m'a mise très mal à l'aise, d'autant qu'il en a profité pour jouer le mâle protecteur, bras enveloppant et... main baladeuse. Rapide, le type. J'avais l'impression d'être dans une autre dimension, c'était très, très déroutant, inquiétant, aussi. Mais je trouvais ça tellement... tellement je ne sais pas quoi, justement, que je voulais aller voir jusqu'où ça pouvait aller... Je sais, c'est con.

    Vaste studio, relativement propre, capotes à côté du clic-clac défait, c'est éloquent. Je n'ai accepté qu'un verre d'eau, dont j'ai constaté qu'elle venait directement du robinet de la cuisine (je n'aurais rien accepté d'autre).

    Je ne l'avais pas fini que je me suis retrouvée sous le type, qui me tripotait de partout avec la ferme intention de s'envoyer en l'air, persuadé que nous allions passer un très bon moment ensemble, toujours aussi gentil, et moi toujours aussi éberluée de ce qui se passait.

    Pas de bol pour lui, la situation, trop absurde, trop caricaturale, a fini, rapidement, par m'agacer, j'ai dit stop, et je me suis levée pour aller récuperer mon sac à main.

    C'est là que ça a dérapé, ou que ça aurait pu. Le temps que je me retourne, il était devant moi, debout, trop près, bien sûr, et en train de baisser son caleçon "pour me montrer ce que je loupais" (sic). C'est là que je me suis sentie agressée. Ses pelotages m'avaient laissée indifférente, mais j'ai ressenti ce geste-là comme une agression. Pour autant, rien de physique ne s'est passé, je l'ai repoussé en paroles, avec fermeté, en essayant de ne pas montrer de peur. Etrangement d'ailleurs, je ne me sentais pas envahie par la peur, j'avais peur, mais j'en gardais le contrôle. Il m'a laissée partir, non sans se montrer un peu méprisant ("partez, je n'ai pas besoin de vous, j'ai tout ce qu'il faut" - ah bon ?).

    La peur, est venue un peu plus tard, mais pas trop, ça m'a fait comme si cette rencontre était celle qu'inconsciemment je redoute toujours, cette agression sexuelle qui remet en mémoire celle de l'enfance, avec l'éternelle question : "serais-je capable, une nouvelle fois, de m'en sortir ?". Oui, cette fois-ci encore, j'ai été capable de m'en sortir, même si, au demeurant, je ne peux quand même pas considérer qu'il s'agissait réellement d'une agression sexuelle.

     

    Débriefing personnel :

    - frustration de ne pas savoir, finalement, si le type était vraiment persuadé qu'il suffit de raconter des salades cinématographiques à une nana rencontrée dans le tram, pour pouvoir la sauter aussi sec.

    - ne jamais m'éloigner de mon sac à main, parce que quand le type a été entre moi et lui, c'est là que j'ai pétoché.

    - quelle part de volonté d'auto-destruction  dans ce qui s'est passé, vu l'état d'esprit dans lequel me mettait la crise d'angoisse d'aujourd'hui ?

    - bon, si  j'arrêtais de déconner, quand même ? c'est pas très malin, la vie comme une expérience, je vais finir par en faire de mauvaises...
     


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  • Contrariée, excedée, fatiguée, chamboulée, mécontente, perdue. Je ne me comprends même plus moi-même.


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  • Je suis toujours aussi surprise de la pulsion animale qui jaillit en moi lorsque je suis avec un homme, de cette envie irreprescible qui agite mon ventre, d'être enceinte. Et je me retrouve, comme souvent, devant une de ces dualités qui m'agitent. Objectivement, c'est tout à fait stupide. Etre enceinte, c'est chiant. Une grossesse, ça devrait durer un trimestre. Celui du milieu, sans les désagréments des deux autres, avec un ventre de taille acceptable, et avec le  miracle de sentir un truc s'agiter en soi et répondre aux pressions de la main maternelle. Trois mois, pas plus, histoire de se sentir enceinte, et voilà. En plus, un enfant, ce sont des bonheurs, certes, mais aussi des soucis, des responsabilités, et en fait, on pourrait très bien s'en passer. Facile de dire ça, pour moi qui en ai deux, je sais. J'ai dû être chatte, dans une vie antérieure, danse du ventre pendant le désir et impatience dédaigneuse pour les chatons enfin sevrés.Je suis donc surprise, vaguement amusée de cette encombrante animalité qui survit en moi, quelque peu agacée, aussi, quand cette  pulsion mamifère s'exprime encore alors que les prémices d'une ménopause redoutée semblent s'annoncer. Je tolère mieux mon animalité que ce qui m'apparait comme une date limite de consommation.


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  • Et voilà !


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