• Il y a des jours - pas fréquents heureusement - où la solitude tord les tripes. C'était le cas ce soir, quand j'ai quitté le boulot. Dans mon service, on bosse un samedi par trimestre, de neuf à dix-heures, pour assurer une permanence téléphonique pour les clients (total des appels reçus aujourd'hui : cinq. Je ne sais pas si c'est vraiment rentable...). On est seul sur le plateau (*), juste une autre fille sur le plateau d'à côté. Pour la coupure déjeuner, la cafèt est ouverte en service minimum, une seule salle sur les deux habituellement ouvertes, une seule serveuse elle aussi de permanence. Ce midi, on était quatre à manger, éparpillées dans une salle tellement silencieuse que le bruit des couvers entrechoqués s'entendaient d'un bout à l'autre de la salle habituellement particulièrement bruyante. J'ai l'habitude de vivre seule, de manger seule, de me retrouver seule après le boulot. Mais là, après une longue journée de boulot seule, avec cette pause solitaire et forcément rapide (même le coin café était fermé !), j'aurais donné cher pour un peu de chaleur humaine, autrement que par téléphone ou par mail. J'ai des copines, chères et proches, mais pas du genre de chez qui on peut débarquer sans prévenir à sept heures du soir. Et mes frères et soeur se sont éparpillés aux quatre coins de la région, même ma soeur n'était pas là, partie en week-end en Charente. Un soir d'été, cela aurait été un peu différent, la nuit obscurcit tout, même le moral.

    Côté boulot, par contre, j'ai apprécié de travailler dans le calme, plutôt que dans le brouhaha habituel. La prochaine fois que je travaillerai un samedi, je prévoierai tout simplement une sortie entre copines ce soir là !

    Une fois n'est pas coutume, je me suis servie un apéritif.

     

    (*) Un plateau, c'est une équipe organisée en open-space. Il peut y avoir plusieurs plateaux dans un open-space, ce qui délimitera cette notion de plateau, cela pourra être le type d'activité si les équipes ont des activités différentes les unes des autres.


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  • Les élus locaux, gauche et droite réunies, et Alain Juppé en tête (et oui, ça va jusque là) y sont allés de leur communiqué de presse pour dénoncer le projet de suppressions de postes, parce que nous faisons partie d'un groupe financier qui fait de grooooos bénéfices. Les Verts s'en sont mélés aussi, et, ce soir à la sortie du parking, des militants du PCF et du Front de Gauche distribuaient des tracts nous assurant de leur soutien.

    J'espère que le petit Nicolas ne va pas se croire obligé de venir jouer les Zorro.

     

    Les "nouvelles du front" : on entre dans une période de négociation, la drh s'accrochant au nombre de  postes à supprimer pour alléger la masse salariale, les syndicats s'opposant à tout licenciement. Mais nous ne nous faisons pas d'illusion : même si ce plan là ne passe pas, ce ne sera que partie remise. Et si ce plan passe, ce ne sera que le premier. On nous parle de la conjoncture  qui est mauvaise, mais la vérité (notre principal concurrent se portant très bien en dépit de cette même conjoncture) c'est que ce sont les anciens dirigeants qui n'ont pas fait leur boulot ces dernières années. Et à l'heure qu'il est, rien ne semble indiquer que les nouveaux dirigeants aient la moindre stratégie pour nous permettre de remonter la pente.

     

    Rien à voir avec le sujet, quoique : un oeil sur le pc, l'autre sur la télé, un diagramme qui parle des différentes catégories sociales en fonction de leur revenu. Le présentateur parle des classes moyennes.... à 4000 euros par mois. Il y a aussi la catégorie à 1700 €. Pile mon salaire. Là, c'est carrément les travailleurs pauvres (on parle de "revenus modestes"). Je m'en doutais un peu. Je ne m'en sors déjà pas avec mon salaire (mes "unités d'argent"), alors si  je me retrouve au chômage ça ne va pas être très drôle.


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  • J'ai pas mal de photos en retard. Et mon ordi qui devient de plus en plus lent :-/   Néanmoins, je voudrais me mettre à jour des photos que je voulais/veux mettre sur le blog.

    Ce soir, il s'agit d'une photo prise cet été lors de ma semaine de vacances à Contis-Plage. Il s'agit d'une maison en construction. J'ai été particulièrement sensible au constraste des couleurs, due à la construction en cours, mais j'ai été bien sûre intéressée par la répartition atypique des volumes. Je suis curieuse de savoir ce qui était prévu comme revêtement sur les parties noires, et si je passe par Contis l'été prochain, je retournerai voir ce que ça donne, une fois fini.

    maison2
     
    J'ai aussi été attirée par la situation de cette maison, à deux pas du centre-ville, et pourtant comme semblant être seule au milieu des sables sur fond d'un ciel bleu immensément bleu.
     

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  • C - Chat. Parfois, j'aimerai bien en adopter un. J'y pense souvent, puis je renonce. Pas envie de m'embêter à éduquer un chaton, pas du tout envie d'avoir mon canapé griffé, ou ruiné par un pipi, pas envie de trouver des grains de litière dans ma salle de bain. En fait, j'ai juste besoin d'un truc à fourrure qui ronronne une fois de temps en temps. Ca doit bien exister au rayon jouets ?

    D - Découvert. La semaine dernière, lors d'un  JT quelconque, le présentateur parlait du 20 du mois, qui est pour bcp de français la période difficile en attendant le salaire de fin du mois. Pour moi, c'est carrément le découvert à partir du 8 du mois. La difficulté pour moi, et elle n'est pas mince, c'est d'arriver à rester dans les limites de mon découvert autorisé, de façon à éviter que ma banquière ne me pique du fric de mon compte épargne pour le mettre sur mon compte courant. Parce que chaque mois j'essaie quand même de mettre de l'argent de côté. Mission impossible. Ceci dit, je plaide non coupable : je n'achète absolument rien de superflu. Dans un roman de Nick Hornby, Pour un garçon (adapté à l'écran avec Hugh Grand et Tony Colette), le personnage principal est un jeune homme qui n'a financièrement pas besoin de travailler. Pour occuper ses journées vides, il a un système d'"unités de temps" d'une demie-heure : acheter un cd = une unité de temps, aller chez le coiffeur, deux unités, etc... Quel rapport avec mon porte-monnaie ? J'ai l'impression que mon argent peut se compter en unités d'argent, sur une base de 30 euros. Entretien de ma voiture : une unité, forfait internet : une unité, forfait téléphone : une unité, impôts : cinq unités, loyer : dix-huit unités, etc... Et il y a trop d'unités qui sortent pour le nombre qui rentre chaque mois, c'est une donnée objective. Ouais. En tout cas, c'est pas le fait de philosopher sur mon découvert qui va le combler.

    D - Déménagement. Paradoxalement, bien qu'on s'achemine vers le plan social, mon service va déménager. Dans cette entreprise, on passe son temps à redéfinir les stratégies, à réorganiser et redimensionner les équipes. Et donc à les bouger d'un bureau à un autre. Avec tout ce que ça entraîne comme coûts : cablâges électriques et informatiques à modifier, et bureaux et matériels informatiques à déménager. Ca coûte un fric fou (nous avons carrément un service de trois personnes entièrement consacré aux déménagements, sans compter l'entreprise de déménagement qui travaille, de nuit, pour qu'on puisse travailler sans arrêts), mais on continue. Courant février, mon équipe déménage donc d'un bâtiment vers un autre. La bonne nouvelle, c'est que je serais enfin à côté d'une fenêtre (qui ne s'ouvre pas, on ne peut pas tout avoir, et plein Nord en plus !), la mauvaise c'est que je serais à côté d'une collègue qui me tape sur le système. Mais comme elle est en arrêt de travail au moindre bobo, ainsi qu'avant chaque vacances scolaires (comment ça je suis médisante ? et ben non), ça devrait être moins insupportable.

    E - Elections. Je ne sais toujours pas pour qui je vais voter. Je lirai attentivement les programmes, mais comme entre les programmes et leur réalisation il y a un gouffre... :-/

    J - Jour. Il fait désormais jour quand j'embauche le matin, et quand je débauche le soir, il ne fait pas encore tout à fait nuit. C'est bien.

    M - Marché du dimanche. Plusieurs interruptions du rituel, ce mois-ci, pour cause de jours fériés, de repas familial... Hier, comme il pleuviotait, certains marchands n'étaient pas là, en particulier le vendeur sénégalais, qui m'a bien manqué. Les vendeurs italiens de pâtes fraîches étaient là, je leur ai acheté des ravioli aux figues et jambon. La fois d'avant c'était des ravioli aux courgettes et fleurs de courge. J'aime bcp cette originalité. Et en plus, c'est délicieux !

    M - Massages. Je ne connaissais pas, je découvre. Le kiné chez qui je vais pour l'arthrose dont je souffre au niveau des cervicales, me masse le cou. Mon Dieu comme c'est bon ces papouilles ! sous une lampe à infrarouge, en plus ! ça me fait un bien fou, et même psychologiquement !

    N - New-York. Comme j'ai emmené mon fils aîné à NYC pour ses 20 ans, j'ai prévu de le faire cette année pour les 20 de mon cadet (20 ans ! ouille.). Le problème c'est d'arriver à trouver le voyage que je veux, et après quelques investigations dans les  agences de voyage, je sens que je vais avoir une déconvenue de ce côté là. Pour ce voyage là, pas la peine de compter en unités, je piocherai sur mes économies, elles servent à ça.

    P - Pau. Cet après-midi, j'ai croisé une de mes ex-collègue paloise. Elle a fait comme moi, le voyage Bordeaux/Pau, attirée par la nouveauté (et la prime). Comme moi, elle est redescendue du nuage : "il n'y a rien pour moi à Pau" m'a-t-elle dit aujourd'hui. Elle est actuellement en congés, elle en profite pour venir voir ses anciennes collègues bordelaises et... pour prendre des contacts afin... de revenir sur Bordeaux. On croie toujours que la mobilité professionnelle, c'est parfait pour les célibataires, dont on a vite fait de dire qu'ils sont sans attaches. En fait c'est une contre-vérité. Il est plus facile pour un couple, et surtout un  couple avec enfants, d'être mobile : à deux on est plus fort, et on affronter mieux le changement. Quand aux enfants, c'est l'idéal pour nouer des liens sociaux, à la porte de l'école par exemple. Ce midi, toutefois, j'ai déjeuné avec un parisien venu sur Bordeaux il y a deux ans. Lui a bien vécu son changement, mais, comme il me le dit, il avait bcp de choses à fuir, même si, comme il le reconnait, ce qu'on a dans la tête, ça y reste où qu'on soit (je le présume dépressif).

    P - Plan social. La tension est retombée, je parle de la tension qu'on ressentait tous en fin de semaine dernière. La coupure du week-end a été la bienvenue. L'ambiance était morne ce matin, bien sûr, mais on était plus calmes, la certitude c'est toujours mieux que les bruits qui courent.

    R - Reconversion. La question se pose, bien sûr. Je ne passerai pas le reste de mon temps avant la retraite dans la même entreprise. Mais s'il faut que je change d'orientation professionnelle, que pourrais-je bien faire ? A l'occasion de ce plan social, un plan d'action devrait être mis en place pour favoriser les départs pour création d'entreprise. Si j'étais entreprenante, justement, j'en profiterai pour monter un petit stand de crèpes à emporter (j'ai des indics dans la filière ;-)) en centre-ville, et avec mon fils cadet, puisqu'il est en plein errance professionnelle. Sauf que je ne suis pas courageuse. Ca peut rapporter combien d'unités, un stand de crèpes ?


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  • Avant même que la nouvelle nous soit officiellement communiquée, on l'a lue sur la tv de la cafèt : l'annonce des suppressions de poste. Drôle d'époque où tout va si vite.

    Les représentants de mon syndicat étaient tous à Paris, pour le CCE, justement. Il m'a donc fallu prendre la relève, en réunion intersyndicale, face aux élus locaux qui sont venus cet après-midi nous apporter leur soutien. Pas facile pour moi, je me suis sentie très, très mal à l'aise, déplacée. Je travaille dans une grande entreprise, elle même élement d'un grand groupe : je n'ai jamais maîtrisé les organigrammes, les plans stratégiques, les structures économiques. Alors ces élus, et la nuée de journalistes avec appareils photos et caméras... Je me suis tenue sagement à côté du porte-parole de l'intersyndicale, et heureusement il avait suffisamment à dire. J'apparais quand même sur quelques reportages, mais les images vont toujours tellement vite qu'il n'y a que moi pour savoir que  je suis là  :-)   Après la réunion, les élus sont repartis, mais lentement, et certains m'ont approché pour en savoir plus, pour avoir mon ressenti sur la situation, sur la responsabilité de l'actionnaire majoritaire dans la situation présente. En tout petit comité, je me suis sentie bien plus à l'aise, et je m'en suis bien sortie.

    Ca fait bizarre, ces gens, qu'on voit souvent à la télé, ou dans les journaux, et puis ces dizaines de journalistes qui leur tournent autour, les flashs qui crépitent pour une ou deux photos seulement dans le journal - et encore !  C'est un autre monde. Existons-nous seulement pour eux autrement que par utilité ?

    Les chiffres sont donc tombés. Des suppressions de poste, et à la clé des licenciements économiques pour ceux pour lesquels on n'aura pas trouvé de solution de reclassement, de départ accompagné (pour une création d'entreprise par exemple), ou de mutation.

    Avec les chiffres, la pression elle aussi est retombée. Ces derniers jours ont été éprouvants pour nous, et la pression médiatique a été mal ressentie. Entendre parler du  plan social nous concernant à chaque flash info, cela avait fini par me saper le moral. Une collègue m'a racontée qu'hier soir son petit garçon s'est mis à pleurer, en entendant parler de cela à la télé, une fois de trop. Pour un enfant, l'idée que sa maman n'ait plus de travail, et donc plus de salaire, peut être très angoissante.

    Ces prochaines semaines, on en saura encore plus, par les négociations qui vont avoir lieu, sur les modalités pratiques de ce PSE, plan de sauvegarde de l'emploi. Le service dans lequel je travaille ne devrait pas être impacté, notre activité se portant encore bien. Ce n'est pas pour rien que j'avais souhaité quitter le service informatique, et un des buts de mon départ à Pau était de raccrocher avec une activité de production. Je savais que mon poste, à l'informatique, n'était pas perenne, au regard des difficultés qui commençaient alors à se faire déjà sentir. De fait, les services informatiques, services dit "supports" et non productifs, seront impactés par les suppressions de postes. J'ai passé assez d'années là bas pour y avoir noué quelques liens, et je crains pour mes amis et mes anciens collègues.

    Même si je ne devrais pas être concernée par ce PSE, nous ne savons rien de l'avenir. Ce PSE suffira-t-il à redresser la barre ? L'interrogation première concerne en fait avant tout notre actionnaire principal : souhaite-t-il, ou non, conserver notre entreprise ? si oui, on peut espérer que de nouveaux projets seront lancés, pour nous redonner un avenir. Si non, il est fort probable que ce PSE ne sera que le premier.

    D'une manière étrange, je partage avec mon fils cadet cette interrogation sur notre futur professionnel. De même qu'il ne sait pas ce qu'il veut faire, et donc ne sait comment s'orienter, je réalise qu'il va falloir que je réfléchisse moi aussi à un avenir professionnel.


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