•  Les films vus ces dernières semaines :

    La Boîte de Pandore, film turc de Yesim Ustaoglu. A Istambul, deux soeurs et leur frère, quadragénaires,  âge pas toujours très drôle lorsqu'on doit faire face à certaines difficultés  (boulot, enfant/ado difficile, difficultés de couples....) doivent également se rendre à l'évidence : leur mère est atteinte d'alzheimer. Un excellent film. Des acteurs, inconnus pour le public européen et c'est dommage. Des montagnes turques qui flamboient à l'automne, opposées aux images d'une Istambul aux tours modernes, autrement dit des images auxquels on ne s'attend pas si on reste scotché au journal TV de TF1. Un film universel, sur la difficulté de la prise en charge des parents âgés, dans une société moderne qui compartimente les générations. Un rythme un peu lent, agréable, et des images qui m'ont fait penser à un film de Kiarostami vu il y a qq années, Le Vent nous Emportera.

      

    Et si je vous parlais d'une co-production israelo-australienne ? Surprenant n'est-ce pas ? Il s'agit du Sens de la Vie pour 9,99 $, film d'animation réalisé par Tatia Rosenthal d'après les nouvelles du romancier Etgar Keret. Dans une ville (de pâte à modeler), un jeune homme se pose qq questions existentielles. Autour de lui gravitent son père, fatigué, son frère, qui travaille pour une agence de recouvrement, et... un ange pas doué pour la voltige. Un film pas très drôle (et j'ai apprécié la forme de l'animation, très adaptée à ces petites saynètes), mais qui m'a donné envie de découvrir (et ça tombe bien, il figure au catalogue de la médiathèque) les nouvelles d'Etgar Keret. (et à propos d'Israel : Jaffa, le nouveau film avec la sublime Ronit Elkabetz, sort mercredi en salle !)

     

     

     Bien plus drôle, Un Mariage de Rêve, de Stephan ELLIOTT. Une comédie anglaise. Donc : des dialogues ciselé dont on savoure chaque mot, des situations drôlatiques et un majordome pince-sans-rire. Des canapés anglais qui donnent envie de se vautrer s'asseoir dedans et une ambiance années folles très sympa. L'intrigue : l'héritier désargenté d'une famille anglaise vient d'épouser, à Monte-Carlo, une jeune femme, et il présente celle-ci à ses parents. Hélas, elle est américaine, libérée, a posé pour un peintre inconnu et provocateur nommé Picasso. C'est tellement... choquant ! La comédie est réussie, on rit bcp et on sort le sourire aux lèvres.

     

    LE film dont on parle bcp en ce moment, c'est Looking for Eric, de Ken Loach, et je ne voulais pas le manquer, non parce qu'il est réalisé par Ken Loach et que tout le monde en parle, mais parce qu'il met en scène Cantona, et que Canto, je suis fan. Je ne sais trop pourquoi, ça s'explique pas vraiment, c'est comme ça, Cantona, je l'aime bien. Et je n'ai pas été déçue. Canto fait du Canto et même si le film a des défauts, tous les parents d'ados difficiles s'y reconnaitront. Et puis cet Eric (pas Canto, non, l'autre, le postier), on est nombreux à être comme lui, un peu largué par la vie à un moment ou un autre, et si, un soir de fumette, Cantona nous apparait (ou la Vierge Marie, chaque époque a les héros qu'elle mérite), on n'ira pas s'en plaindre si ça nous aide à nous sentir moins lourd un instant. Bref, j'ai bcp, bcp aimé. Il y a plein de raisons d'aimer (ou ne pas aimer) un film, cela peut être purement esthétique, cela peut-être une question de tripes, ce Looking for Eric relève donc plutôt de la seconde catégorie. Je cherche maintenant un moyen d'expédier mes propres ados difficiles à la prochaine séance. Et peut-être même que je vais me mettre à la fumette, dès fois que... Dans le même genre, il y a JCVD ce soir sur Canal, mais JCVD peut attendre, et le ciel aussi, sur la 6 c'est la finale de la Nouvelle Star. Si si.  La Nouvelle Star : des adulescents bien formatés, propres sur eux, qui chantent et qui font pas la gueule. Vous ne pouvez pas savoir comme ça fait envie...


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  • Peu de visites au ciné ce mois-ci : beau temps oblige, il est bien plus agréable de se promener à vélo ou se prélasser sur le hamac avec un bouquin. Voire les deux quand l'après-midi est longue !

    Dans l'ordre : le dernier Stephen King, un classique anglais, et une nouveauté anglaise.

    Duma Key, le dernier King.

    Que dire de ce dernier pavé du "Maître" ? A vrai dire, je ne sais pas, je n'arrive pas à définir clairement ce que j'en ai pensé. En négatif : ça manque de pep's. En positif : bien que je l'ai trouvé mou, il m'a quand même assez accroché pour que j'y consacre plusieurs soirées et après-midi d'affilée. Mais il m'a manqué ce petit qq chose qui faisait qu'autrefois je lisais du King pour lire du King, et je ne parle pas de l'horreur ou du fantastique (car j'accroche en fait assez peu à ce genre littéraire), je veux parler de l'écriture de King, cette façon bien à lui qu'il avait de rendre vivant ses personnages. Qualité qu'il a toujours d'ailleurs, mais ses héros vieillissent, peut-être est-ce pour celà que j'ai éprouvé une certaine distance par rapport à de Duma Key ? Pourtant, les trois personnages principaux sont pourtant intéressants, d'autant que King a mis bcp de lui-même dans le personnage principal, Edgar Freemantle. Côté fantastique, là encore c'est un peu léger - mais j'avoue que, cette nuit, en pleine insomnie, le souvenir d'une certaine frenouille est venu me hanter, et ce n'était pas agréable... Mais on est loin du monde parallèle mis en scène par King dans Lisey's Story, qui était exceptionnel de maestria. Peut-être d'ailleurs ce Duma Key souffre-t-il de la proximité avec ce précédent roman. Paru après le très décevant Cellulaire, il eut paru bien meilleur certainement.

    Après ce pavé, j'ai attaqué un classique anglais, Samedi soir Dimanche matin, d'Alan Silitoe. Le titre vous dira peut-être qq chose, on en trouvait pas mal d'extraits ds les bouquins d'anglais lorsque j'étais au collège. Je l'ai trouvé il y a qq semaines dans un vide-grenier et n'ai pu résister à la curiosité. Et c'est le genre d'occasion où on se dit "mais bon dieu pourquoi suis-je passé si longtemps à côté !". Dans ce roman, Silitoe met en scène Arthur, un jeune anglais vivant à Newcastle ds les années 50. C'est l'après-guerre, on y parle encore de restrictions, et la télévision pointe son nez dans les premiers foyers qui peuvent se l'offrir, mais la vie est simple : on travaille toute la semaine à l'usine, et on passe son temps libre au pub ou à la pêche selon la saison. Mais pour Arthur, angry young man, cela n'est pas suffisant. Oui, il apprécie de travailler et de pouvoir dépenser ce qu'il gagne comme il le souhaite, il apprécie son succès auprès des femmes, et apprécie qu'on le respecte pour sa facilité à boire et à cogner si on lui cherche des noises. Mais il est en colère : il n'aime pas l'usine qui lui vole son temps, il n'aime pas les syndicats qui lui conseillent de se calmer, il n'aime pas l'Etat qui lui prend une partie de ce qu'il gagne, et s'il courtise des femmes mariées c'est pour ne pas se mettre la corde au cou trop tôt, quitte à passer un mauvais quart d'heure face aux maris, mais là encore, même à deux contre un, il ne rend pas les armes facilement...

    Un portrait très intéressant de la classe ouvrière anglaise des années 50, et d'un jeune homme extrèmement attachant en dépit (ou à cause de ?) de son caractère hargneux. Je m'attendais à une version anglaise de 325 000 Francs, or j'ai découvert un livre bien plus universel et intemporel, bref, un grand roman. A lire et à relire !

    Dans la PAL, il y avait également un autre roman anglais, mais tout récent celui-ci, puisqu'il s'agit du fameux roman de Alan Bennett, La Reine des Lectrices, dont on parle tant depuis sa sortie. Et il le mérite bien : on passe deux heures extrèmement agréables avec ce petit roman, qui ne paie pas de mine (moins de 200 pages) mais ne manque pas d'audace. Imaginez un peu : le personnage principal n'est autre qu'Elizabeth II ! Un jour, Son Altesse Royale monte dans un bibliobus et emprunte un livre, par politesse vis à vis du bibliothècaire, car il n'y a pas vraiment de temps pour la lecture dans son agenda... Mais voilà, elle se met à lire...et ne s'arrête plus, au grand dam du Prince Philip, du premier ministre, de son secrétaire particulier... C'est très très drôle, assez émouvant aussi car Bennett sait très bien nous décrire l'isolement de la Reine. J'adore lorsque la littérature, comme ça, nous embarque dans une histoire totalement inattendue, et à laquelle on accroche totalement. Donc là encore : à découvrir rapidement !

     


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  • Si je pouvais y aller tous les jours, je le ferai. En l'occurence, samedi après-midi, c'était cinoche, et dimanche midi aussi. Oui, je sais, pour bcp de gens, c'est plutôt difficile d'aller de bonne heure s'enfermer dans le noir, ça fait bizarre quand on en sort en pleine après-midi. En fait, comme bcp de choses, c'est une question d'habitude, et je suis devenue une inconditionnelle des séances du samedi 14 h à l'Utopia, et du lundi ou du vendredi 17 h au Jean-Eustache, juste en sortant du boulot. Je trouve que c'est bien mieux comme ça, aller au ciné le soir quelle horreur, on a mangé, on est peinard ds ses charentaises, faut ressortir dans le froid et la nuit, et puis après le ciné, rentrer dans le froid et se mettre au lit en suivant, en plus si le film était bon on a pas envie de dormir de suite...

    Bref.
    Ce week-end, hasard de la programmation, j'ai vu deux très bons films qui, des deux bouts du continent américain, racontaient finalement la même histoire, celle de ces femmes, seules et pourvues de gamins, doivent se débrouiller quoiqu'il arrive pour nourrir leurs gosses et payer le loyer. Et qui finissent, forcément, par devenir moins regardantes sur la façon de trouver le fric adéquat.



     


    Linha de Passe
    , tout d'abord. Film brésilien, il raconte le quotidien de Cleuza, mère de famille dont on ne sait pas qui lui fait des enfants, vraisemblablement des mecs sympas mais vraisemblablement assez fugitifs, vus que les gamins - quatre garçons - ne les connaissent même pas. Cleuza et sa famille vivent dans une favela de Sao Paulo, et chacun de ses cinq personnes a son rêve. Un des fils rêve d'être footballeur professionel, le plus jeune voudrait retrouver son père et comprendre d'où lui vient son teint si noir, et Cleuza voudrait faire vivre ses enfants decemment, et peut-être aussi que celui qu'elle attend soit une fille. Le talent des réalisateurs est de parvenir à nous intéresser à chacun d'eux, et à nous  les rendre si proches qu'on a l'impression de les connaître intimement. Aucun pathos, aucune volonté de faire du misérabilisme sur le dos des habitants de la favela. Comme dans John-John, film philippin vu l'an dernier, la favela est filmée comme tout autre endroit dans le monde.







    Frozen River
    nous emmène donc à l'autre bout -
     pas tout à fait mais presque -  du continent américain, à la frontière USA/Canada. Le fleuve gelé réunit, le temps de l'hiver, les deux pays, et c'est là que vit Ray et ses deux gamins, plantés dans leur mobil-home pourri par le père, parti claquer les économies destinées à acheter un mobil-home (toujours pas de maison, mais au moins isolé correctement), dans un casino quelconque mais au soleil, la veille de Noël. Alors quand elle s'aperçoit que faire passer des travailleurs clandestins d'une rive à l'autre, c'est risqué mais bien payé, elle n'hésite pas longtemps, en dépit des réticences qu'elle peut éprouver en découvrant que l'esclavage, ça existe toujours...












    Le quotidien donc. Des employeurs peu scrupuleux et fermant les yeux sur les difficultés de ces femmes, la tentation pour ces femmes et, en suivant, pour leurs enfants, d'aller chercher l'argent facile là où il est, quitte à renoncer à certains principes moraux, ces deux films traitent ce même sujet sobrement, et sans happy-ends hollywoodiennes improbables. Linha de Passe a une fin ouverte, et c'est parce que la vie est ainsi, quand à Ray, si elle échoue en prison on sait qu'il ne pouvait en être autrement un jour ou l'autre.
    Au-delà de ces films, la description de notre société actuelle et de ses dérives. Les mobil-homes pour les pauvres, c'est fréquent aux USA depuis pas mal d'années. On les voit à l'écran, sont déjà présents en littérature depuis un certain temps (je vous conseille Trailer Park, de Russel Banks) - en France on commence juste, dans certains journaux télévisés,  à aborder le sujet de ces campings ouverts à l'année et qui abritent désormais ce qu'on appelle les "travailleurs pauvres". Il faut se rendre à l'évidence : le rêve américain est derrière nous.

    Et "rendre au travail sa vraie valeur" comme se plait à nous le chanter sur tous les tons le petit Nicolas, n'est qu'un bien mauvais slogan démagogique. Le petit Nicolas devrait aller au cinéma plus souvent, ou alors aller voir autre chose que les Ch'tis ou les Xmen...


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  • Morse, de Tomas Alfredson

     

    Un film fantastique, mais surtout exceptionnel.

    En Suède, dans les années 80, Oskar, 12 ans, vit seul avec sa mère et est le souffre-douleur de ses camarades de classe. Une nuit, un homme étrange aménage dans l'appartement d'à-côté, accompagné d'une fille du même âge qu'Oskar. Elle s'appelle Eli. Un sentiment profond va naître entre Eli et Oskar, nourri de leurs solitudes et différences respectives. Un jour Eli demande à Oskar : "m'aimerais-tu aussi si je n'étais pas une fille ?" et Oskar en arrive à lui demander "Depuis combien de temps as-tu 12 ans ?"...

    Car Eli est un vampire. Mais ce film n'est pas un "film de vampires". Morse est un film sur la naissance d'une amitié ? amour ? entre deux enfants tous deux marginalisés. Ce lien très fort qui se tisse entre OsKar et Eli, c'est ce qu'on retient de ce film, et on en sort avec une sorte de sourire béat, en flottant sur un petit nuage, celui que donne le sentiment d'avoir vu un film rare.

    Il faut ajouter que la réalisation est très soignée, l'atmosphère prend aux tripes, on découvre le film petit à petit sans rien deviner de ce qui va se passer... Une belle réussite, je pense d'ailleurs essayer d'aller le revoir. S'il passe dans une salle à proximité de chez vous, allez découvrir Morse...


    Vu une première fois le 27 février, revu aujourd'hui 14 mars, et je me demande si je ne vais pas me laisser tenter par une troisième séance...

    Ce film est décidemment très bon, cette deuxième fois m'a confirmé dans mon opinion, et, connaissant déjà l'histoire, j'ai profité pleinement du jeu des jeunes acteurs, exceptionnels de naturel et d'expressivité. Alfredson a un don pour filmer avec grâce corps et visages, et cela s'étend également aux acteurs adultes. Ainsi, si on voit très peu le père d'Oskar, ces quelques minutes suffisent pour que le spectateur percoive la fragilité du personnage. Et puis, ce dont je ne reviens toujours pas, c'est la façon dont Alfredson arrive à mélanger deux genres à priori totalement opposés, film intimiste et film fantastique, pour arriver à un résultat totalement génial là où on s'attendrait au pire nanar...
    Mon seul regrêt concernant Morse ne concerne pas le film, mais le livre : il n'est toujours pas traduit en français...
    Dernière chose : le titre, Morse, est le titre français. Le titre original est  "Laissez les bons entrer", et, lorsqu'on voit le film, on en mesure toute l'ambiguité...


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  • Le cinéma Jean Vigo est donc menacé de fermeture, au grand dam des cinéphiles bordelais. Pour soutenir l'association qui le gère et signer la pétition en ligne, cliquez sur le lien :

    http://cinema.jean.vigo.free.fr/

    Merci !


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