• Voilà qui résume mon mois cinématographique, festival du film d'Histoire mis à part. Il faudra quand même que je vérifie mes tickets, mais il me semble n'avoir réellement vu que deux films ce mois-ci.

    L'excellent La Nana, film chilien de Sebastian Silva, qui me fait regretter d'avoir loupé Navidad, autre film chilien sorti ce mois-ci sur les écrans français. Une fois encore, j'ai pris bcp de plaisir à voir un film sud-américain, pour la réalisation impeccable, l'intrigue et les personnages qui tiennent la route. La nana, c'est Raquel, jeune femme qui tient lieu de gouvernante, femme de chambre, femme de ménage chez un couple aisé de Santiago, capitale du Chili. En apparence, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles : le film commence par une scène dans laquelle la famille souhaite à Raquel un joyeux anniversaire pour ses quarante ans, gâteaux, bougies et cadeaux en cascade. Mais la réalité est toute autre : Raquel, qui a consacré vingt ans aux enfants, vit mal les tentatives d'émancipation de ceux-ci, qui grandissent, tout simplement. De plus, fatiguée et contrainte au repos, elle doit subir l'intrusion dans sa maison et sa famille d'autres bonnes venues en renfort. Mais l'une d'entre elles va parvenir à se lier d'amitié avec Raquel, transformant la vie de celle-ci... Impossible de voir La Nana sans penser à Tony Manero, de Pablo Larrain, vu il y a quelques mois. Les deux films mettent en scène des êtres frustres, à la limite de l'animalité, qui se comportent comme s'ils se trouvaient face à un environnement hostile. Si La Nana est nettement moins violent que Tony Manero, et bien plus optimiste (Tony Manero situait son action pdt la dictature de Pinochet, La Nana se situe dans le Chili actuel), on sent tout de même en Raquel une force brute assez effrayante, mais le personnage révèle peu à peu ses failles et on se sent une certaine empathie pour cette fille. Aucun misérabilisme, pas de sensationnel non plus, simplement la description d'un quotidien et l'évocation subtile de quelques félures. A noter que tous les personnages qui gravitent autour de Raquel sont également intéressants, le réalisateur a souhaité ancrer son film dans une réalité ordinaire et crédible, et là encore, c'est une réussite.

    La transition est toute faite : si je pouvais sans problème m'identifier à cette famille chilienne, ce n'est pas le cas avec les personnages des Herbes Folles, d'Alain Resnais. Je n'étais pas vraiment partante, le cinéma français me gonfle souvent, mais j'aime bien combattre mes préjugés (je n'aime pas mes a priori) alors j'y suis allée. Je ne le regrette pas, ça me confirme que je ne supporte décidemment pas le maniérisme d'un certain cinéma. Que retenir de ces Herbes Folles ? Euh. Des plans d'herbes folles, justement, qui ponctuent régulièrement le film, histoire de ne pas en faire oublier le titre. Quoiqu'Azéma, en foldingue, ne le laisse pas oublier non plus. Mais bon sang, qu'est-ce que j'en ai marre ! j'en ai marre de voir Azéma, son nez, ses cheveux (qui, en l'occurence, la font ressembler à Sonia Rykiel et ce n'est pas vraiment flatteur), son air perpétuellement ahuri, j'en ai marre de voir Dussolier faire du Dussolier alors qu'il vaut mieux que ça. Je ne supporte plus de voir Emmanuelle Devos promener son regard bovin de films en films alors qu'elle peut se révéler tellement rigolote à contre-emploi (Les Beaux Gosses). Quand aux apparitions de Roger Pierre et Annie Cordy... quelle horreur. Quand Clint Eastwood filme des vieillards (Morgan Freeman et lui-même dans Million Dollar Baby), c'est sublime, c'est la force de Goya peignant Saturne dévorant un de ses enfants. Roger Pierre et Annie Cordy dans ce Resnais, ce sont les souverains d'Espagne vus par le même Goya, effrayantes caricatures poudrées et pitoyables, peintes par un Goya soucieux de gagner son billet retour pour Madrid. De quoi parlent ces Herbes Folles ? Bof. Une foldingue se fait voler ses papiers, qu'un monsieur dont on ne saura jamais ce qu'il fait ni ce qu'il fit mais dont le réalisateur s'efforce de nous faire croire qu'il pourrait être dangereux, retrouve. Bon, c'est vide, ce n'est pas crédible, c'est de la caricature de film, c'est tout, j'ai même eu l'impression d'assister à une pitoyable tentative de récupération du style Amélie Poulain version bourgeoisie des quartiers chics, ce qui m'a rendu le film encore plus horripilant. Bref, je suis sortie de là plutôt vénère d'avoir vu un truc aussi mauvais, et malgré tout encensé par les critiques.

    Il va vite falloir que je retourne au cinoche, j'ai horreur de rester sur un mauvais film. Ah ben justement, L'Invasion des Profanateurs des Sépultures est (re)programmé à l'Utopia. Idéal pour se changer les idées !

     


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  • Quand je parlais de rencontres hier à l'occasion du festival... J'ai rencontré mon libraire préféré , retrouvé un de mes profs de français de... collège (ouf j'étais bonne en français, heureusement que ce n'était pas un de mes profs de maths qui attendait pour voir le même film que moi, juste devant moi dans la file d'attente. 30 ans plus tard il se souvenait encore de moi, et en fait il se souvient de tous les élèves auxquels il a enseigné, je trouve ça formidable. Pour la rubrique people, j'ai croisé un type qui ressemblait à Bertrand Cantat, et il parait que c'était vraiment lui. Bon. Tant qu'à croiser un mec connu j'aurais préféré croiser Guillaume Depardieu, mais il parait que maintenant, c'est plus possible. (Argh, j'ai loupé son dernier film, sorti le mois dernier, quelle gourde je suis. Guillaume Depardieu dont les derniers films étaient splendides,  Les Inséparables par exemple pour ne citer que celui-là).

    Sinon, le film du soir, il n'était pas iranien, mais irakien (heureusement que je n'ai pas croisé un de mes profs d'histoire-géo, là non plus je n'étais pas vraiment brillante).J'avais la tête un peu ailleurs, et c'est dommage car le film, Le Murmure des Vents, était superbe. Une réalisation un peu étrange, avec de très très bonnes choses (un plan sous l'eau absolument extraordinaire) et de moins bonnes (une théatralisation de certaines scènes un peu ratée), et j'ai regretté que le réalisateur n'ait pas plus exploité les paysages magnifiques des montagnes irakiennes. Mais une très belle histoire, celle d'un homme transportant clandestinement, grâce à un radio-cassette, des messages reliant les villages kurdes les uns aux autres, à l'époque où le régime irakien combattait par tous les moyens les populations kurdes. Une présentation du contexte historique n'aurait pas été de trop, et je suis étonnée que ce n'ait pas été prévu pour ce festival, justement. Au final, une très très belle surprise, un film auquel je penserai longtemps.


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  • Revoilà l'automne, et le festival du film d'Histoire de la ville de Pessac. Cette année, belle affiche : Il était une foi : le Communisme. Il me semble pourtant qu'il y a un peu moins de monde, ce que j'ai un peu de mal à comprendre car le sujet me semblait pourtant de nature à attirer les foules. Ceci dit, j'ai si peu apprécié la foule des années précédentes...

    Le festival, c'est l'occasion de voir des films et pas mal de documentaires, anciens,récents  ou en avant-première, et des conférences aussi - mais j'avoue que je privilégie films et docu. Le festival s'étend sur une semaine, le programme est extrèmement dense (les projections commencent dès le milieu de la matinée) et à moins de prendre une semaine de congés, pas possible de voir tout ce que je voudrais, du reste, il y a deux ans j'avais trouvé ça assez fatigant d'essayer de caser le maximum de films en si peu de temps (en plus du boulot, donc). En fait, cette année je voulais réellement poser une semaine de congés exprès pour ça, mais j'ai finalement posé les jours pour... New-York ! (et je ne le regrette pas !)

    Le festival a commencé lundi, j'ai pour l'instant vu un documentaire, Les Enfants de Russie, un dessin animé (l'adaptation déjà ancienne de La Ferme des Animaux, de George Orwell). Le documentaire était très intéressant. Lors de la guerre civile espagnole, 3000 enfants espagnols, basques pour la plupart, ont été envoyés en URSS pour échapper aux bombardements de l'armée nazie venue en renfort des armées franquistes. Partis pour trois ou quatre mois, ils passeront vingt ans en URSS... De retour en Espagne, la réintégration ne sera pas facile dans une Espagne alors totalement paranoïaque et refermée sur elle-même, sans parler des liens familiaux distendus avec leurs familles, et la moitié de ces enfants, devenus alors adultes, repartira en URSS, ou émigrera à Cuba. Ce n'est pas sans rappeler un reportage, similaire, sur des enfants juifs qui échappèrent aux camps de concentration grâce à une opération humanitaire, à la même époque, en Autriche et en Allemagne. Le titre de ce documentaire, disponible en DVD : Les Chemins de la Liberté.

    Pas grand'chose à dire de l'adaptation de La Ferme des Animaux : j'ai été contente de me remémorer le livre, lu récemment, mais globalement l'adaptation est très décevante. A quand un bon film ou une bonne animation sur ce livre, qui est un incontournable de la littérature mondiale ?

    Sinon, le festival, c'est aussi, pour peu qu'on soit un peu ouvert, l'occasion de discuter avec son voisin, ou sa voisine de fauteuil, et c'est aussi ce que j'apprécie. Hier une discussion avec un prof de la fac d'Histoire voisine venu pour un débat qui promettait d'être intéressant (pas de chance, Les Enfants de Russie était programmé au même moment !), puisque traitant de l'utopie. Aujourd'hui, discussion avec mon voisin de fauteuil, qui avait lui aussi lu La Ferme des Animaux, vu tous les films de Ken Loach (généralement un au programme du festival chaque année), et découvrait le festival pour la première fois !

    Au programme ce soir, un film iranien (je crois), demain j'aimerais pouvoir débaucher suffisamment tôt pour voir un film d'Eisenstein (là encore, grand plaisir du festival, pouvoir voir ce genre de films sur grand écran !), quelques documentaires également à venir, sur Léon Degrelle, un homme politique français, un autre sur la libération de Berlin par les armées russes, en écho à un livre-témoignage lu il y a quelques mois, Une Femme à Berlin.


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    ...puisque j'ai loupé plus de films que je n'en n'ai vu, et, surtout, des films que je voulais absolument voir. Je ne vais pas me lamenter, ça ne sert à rien, autant me consoler en me disant qu'au moins, je ne regrette pas les quelques uns que j'ai tout de même pu voir, car ils étaient très bien. J'ai quand même profité du voyage retour NY/Paris pour visionner  Good Morning England (à défaut d'aller le revoir une fois encore au ciné), et constater que la version française est une horreur. Décidemment, rien ne vaudra jamais la VO (sauf pour les films de Woody Allen, trop bavards).

    En vrac : Pierre et Le Loup, très très belle adaptation, visuellement parlant, de l'oeuvre de  Prokoviev. Je devais avoir quatre ans (maxi) quand ma mère en a acheté le 33 T (il faudrait que je vérifie, il se pourrait que ce soit un 78 T !), probablement récité par un acteur de l'époque célèbre. Qu'est-ce que j'ai pu trembler en écoutant cette histoire ! Et, à priori, je ne l'avais pas entendu depuis quelques décennies. J'étais donc très contente de voir cette animation qui, je le répète, est absolument magnifique. Par contre, je regrette certains partis pris de la réalisatrice, en particulier le fait qu'elle est changé la fin, ce qui, à mon sens, est injustifiable.
    Ensuite Les Joies de la Famille : comédie suédoise assez légère, qui aborde le thème de l'homoparentalité et de l'adoption. Dans un décor de rêve, le réalisateur écorche gentiment mais fermement la société suédoise bien-pensante, et nous présente un beau portrait de mecs qui doivent faire face à l'arrivée d'un ado, rebelle qui plus est, alors qu'ils avaient préparé une belle chambre de bébé... Sympa donc, rien de transcendant tout de même mais un bon moment de cinéma. Vu quelques semaines après Tu n'aimeras Point, ce film israélien qui évoquait une relation homosexuelle dans le milieu juif orthodoxe, j'ai trouvé intéressant le contraste entre les deux films.

    A Propos d'Elly est un film iranien qui m'a beaucoup plu. De jeunes couples iraniens décident de passer un week-end ensemble, et louent une villa en bord de mer. Une des jeunes femmes a invité l'institutrice de son fils à se joindre à eux, car elle aimerait bien lui faire rencontrer un de ses amis, qui se retrouve célibataire. Chants, pique-niques, l'ambiance est festive. Malheureusement, le week-end tourne au drame lorsqu'Elly disparait...  Le thème n'est pas la disparition d'Elly, bien qu'on le pense un bon moment, habitués que nous sommes au cinéma occidental. Il s'agit d'un film iranien, et le film va en fait aborder le thème des relations hommes/femmes, dans une société musulmane. Si on l'oublie pendant tout le début du film, dès que le drame survient le spectateur se trouve plongé dans un monde inconnu pour lui, et que ce film lui permet de découvrir.
    Mary and Max : après Le Sens de la Vie pour 9.99 $, vu il y a quelques mois, et que cette animation n'est pas sans rappeler par son aspect un peu sombre, je prends goût aux animations pour un public non enfantin. Cette histoire d'amitié épistolaire entre une jeune australienne et un vieil américain atteint du syndrome d'Asperger (une forme d'autisme) n'est certes pas drôle, mais on suit le film avec un intérêt croissant. J'apprécie vraiment cette alternative aux "vrais" films.

    L'ovni cinématographique - et je l'ai donc gardé pour la fin - c'était ce Léger Tremblement du Paysage. D'abord, la mise en scène : quelques personnages, sortis d'on ne sait où, qui vivent dans un endroit assez bizarroïde... Et pour cause : le film a été filmé dans un centre d'études agronomiques, pas très loin de Bordeaux. Le centre, bâti dans les années 70, est resté "dans son jus" : bâtiments de préfabriqués aux parois extra-fines, baies vitrées carrées serties d'aluminium. Le réalisateur a de plus choisi d'utiliser certaines salles techniques (salles de labo telles que j'ai pu en connaître au collège !) pour certaines scènes, et a meublé le centre de meubles et d'appareils typiques des années 70 (méthode d'anglais du Reader's Digest, magnétophones...). Sans parler de la musique, bravo au réalisateur d'avoir pensé à illustrer son film de musiques expérimentales de ces années là, musiques expérimentales qui n'avaient de musique que le nom, au grand dam du public de l'époque !  L'intrigue ? pas d'intrigue. C'est assez...lunaire va-t-on dire. Ils sont là, tous occupés à leurs diverses activités, le prof de gym qui s'entraîne à la course automobile dans les bois voisins, le peintre qui cherche LA couleur, la chercheuse-agronome qui photographie les structures végétales, les gamins qui jouent à la conquête spatiale... Il ne faut pas chercher plus loin que ce qu'on voit : ce film est à prendre tel quel, il faut lâcher prise, accepter ce qu'on voit, c'est de là que vient le plaisir. Et c'est peut-être ça le véritable sens du film : savoir parfois être capable d'accepter les choses telles qu'elles nous viennent. Evidemment, ce genre de film, ça a de quoi donner des boutons. Personnellement, j'ai adhéré, et adoré !
    Ouf, le cinéma peut encore être capable de produire ce genre de choses ! et ouf, il y a encore des salles pour diffuser ce genre de films ! Ci-dessous, l'article du Monde consacré au film.

     

     


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  • District 9 (réalisateur Neil Blomkamp) est un film qui commence bien et qui aurait pu être la très bonne surprise SF de l'année, et du reste j'en suis sortie plutôt ravie. Mais à la réflexion, il souffre de quelques faiblesses et laisse une désagréable impression d'inachevé. Ca part très bien : tourné sur le mode du documentaire, d'abord sur le sauvetage humanitaire d'extra-terrestres en détresse, puis s'enchaînent les interviews des protagonistes de ce qui apparait être une sale affaire. Mais laquelle ? ce début attise donc l'intérêt du spectateur. Du reste, le point de départ est très original : vingt ans avant le début des évênements que le spectateur va découvrir, un vaisseau ET s'est échoué dans l'atmosphère terrestre, au dessus de l'Afrique du sud, et un million d'ET (appelés "crevettes") ont été récupérés, puis finalement parqués dans ce qui est très vite devenu un ghetto. A présent, misère et trafics en tous genres ont lieu au sein même du ghetto, qui attise les convoitises de certains : les "crevettes" s'avèrent détenir des armes de très forte puissance, mais qui ne fonctionnent que lorsqu'ils les manipulent car elles doivent être reliées à l'adn de l'extraterrestre les manipulant. Le ghetto prenant trop d'importance, il est prévu d'en expulser les aliens et de les transférer plusieurs kms plus loin... C'est à ce moment que l'action débute réellement, alors que le spectateur a pu deviner que tout ne s'est pas passé exactement comme prévu...

    Un film très original, autant par sa forme (du moins au début) que par son intrigue. Il y avait longtemps que je n'avais rien vu d'aussi original en SF. Terminator et Alien, au bout de quatre films c'est du réchauffé... Là, il faut vraiment souligner l'originalité du film. Malheureusement on peut reprocher au film de ne pas rester aussi original jusqu'au bout, même si le suspens maintient l'intérêt du spectateur tout le long de deux heures trépidantes. Malgré tout, j'irais peut-être le revoir, car il m'a vivement intéressé !


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