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    Par lequel je commence ? Alors, vu recemment mais sorti le mois dernier (je l'ai vu lors de sa dernière diffusion sur Bdx je crois), Romaine par Moins 30, avec Sandrine Kiberlain. Une comédie sympa et originale, mais sans prétention, et c'est là justement son défaut. On aurait aimé un peu plus d'ambition, un scénario un peu plus étoffé, notamment concernant les différents personnages que Romaine rencontre dans son périple au Québec, personnages qui auraient pu être bien plus approfondis. Ca aurait pu être une excellente comédie, c'est juste une comédie sympa qui laisse le spectateur sur sa faim. Bien meilleur, le fameux Les Beaux Gosses qui cartonne au box-office depuis sa sortie, succès bien mérité. C'est drôle, très drôle, et on rit bcp avec ces gamins (ils sont tous excellents !), mais aussi avec les profs - et, au passage, saluons Emmanuelle Devos dans un rôle qui prouve que sortie des sempiternels rôles de fille compliquée qu'on lui attribue, elle est capable d'être très rigolote. J'hésitais à aller voir ce film, mais je suis contente de ne pas l'avoir loupé !
    Le film US du moment, c'est Public Enemies, qui réunit Johnny Depp et Marion Cotillard. Bon, et bien celui-là, on peut aussi bien attendre de le voir à la téloche sur Canal+ l'an prochain, ou même sur la 1 l'année suivante. Belle affiche, et ça s'arrête là. Ce n'est pas mauvais, ni même loupé, c'est juste insipide.
     
    Les films "d'ailleurs" à aller voir (décidemment j'adore quand le cinoche m'emmène dans ces ailleurs où je doute de mettre les pieds un jour) : Jaffa, Amerrika et Parque Via.
     
    Jaffa : il s'agit d'un film israelien avec la sublime Ronit Elkabetz. Ronit Elkabetz donc : il y a la superbe, la divine Monica Belluci qui promène sa silhouette sublime de films en films, de revues en revues, de festival en festival, au bras du beau mec qui partage sa vie. Et puis il y a Ronit Elkabetz, quasiment inconnue du grand public, qui magnifie les films dans lesquels elle joue, Ronit Elkabetz, son ventre et ses cuisses de femme mature, et ses yeux et sa chevelure de déesse antique et tragique.
    Bref, Jaffa, ce n'est pas que Ronit Elkabetz, c'est aussi Dana Ivgy. Elles jouaient déja ensemble dans Or, Mon Trésor, et Keren Yedaya les réunit une fois encore pour ce film, qui est bien mais souffre de la comparaison avec ce premier film, Or, qui était d'une rare excellence. J'ai tout de même bcp aimé Jaffa, qui explore les rapports familiaux à la manière d'un huis-clos de tragédie.
     
    Hasard du calendrier, c'est avec un film palestinien que j'ai enchaîné, Amerrika (titre original Amreeka), d'une jeune réalisatrice palestinienne, Cherien Dabis. Excellent film ! Encore une fois, c'est l'occasion de regretter qu'un film aussi bof que Public Enemies fasse la une des médias alors que ce "petit" film passe inaperçu, alors qu'il est d'une rare qualité. Belle réalisation, acteurs époustoufflants, Nisreem Faour (qui interprète le rôle principal) en tête. 
    L'intrigue : Mouna et son fils Fadi débarquent aux USA, fuyant une Israël chaque jour plus dure avec les palestiniens. Mais voilà, ils arrivent au mauvais moment, après les évènements du 11 septembre, et doivent faire face au racisme des américains qui voient, en tout arabe, un musulman terroriste. Pourtant, Mouna et Fadi ne sont pas musulmans, mais chrétiens. "Minority there, minority here", comme l'explique Mouna, savoureusement drôle et optimiste. Tellement drôle et optimiste que forcément, elle finit par attirer les sympathies d'américains qui vont venir à son aide, se souvenant qu'eux-mêmes ou leurs ancêtres ont aussi été des migrants...
    Le scénario est intelligent, et même si le film donne la pêche, il ne cède pas dans la facilité ni la guimauve. Une très belle réussite pour un premier film ! 
     
    Parque Via : on le sait, le cinéma est en grande forme, au sud du Rio Grande ! C'est avec un plaisir à chaque fois renouvelé que je découvre les films venus de là-bas. Et c'est encore un premier film excellent que celui-ci. Film mexicain d'Enrique Rivero, Parque Via est inspiré de la vie de Nolberto Coria (Beto, dans le film), qui joue d'ailleurs son propre rôle à l'écran. Chaque jour Beto se lève, à la même heure, se lave, se rase, se pèse, déjeune, parcours les couloirs de la grande maison vide qu'il garde et entretient, en attendant la vente de celle-ci. Peut-être s'est-il ennuyé, au début, mais cela fait maintenant longtemps qu'il vit tout seul, répétant à l'infini les mêmes gestes,  dans cette grande maison des années soixante, tellement démodée qu'elle a du mal à se vendre, et finalement il y est très bien, à l'abri du monde qui déverse chaque jour sa violence par l'intermédiaire des journaux télévisés... Mais la maison est finalement vendue... Comment Beto va-t-il pouvoir affronter le retour au monde ?
    Un très beau film, donc, tout en lenteurs maîtrisées, avec un scénario qui sait maintenir le spectateur dans un ennui attentif, et qui surprend par un final imprévu autant qu'original. A noter la magnifique simplicité de Nolberto Coria, vieux monsieur qui fait pour l'occasion ses débuts à l'écran, et dont la prestation est à saluer.
    Un "plus" pour moi également : la maison, un truc bien carré, bien grand, bien compliqué, pièces immenses et innombrables, béton, briques de verres et huisseries métalliques : un pur produit de l'architecture de la fin des années 50 ou début des années soixante (mais je peux me tromper). Une vraie merveille, délicieusement décrépie et admirablement mise en valeur par un jardin paysagé avec sobriété.
     
    Inutile de vous dire que plus ça va, plus je salive à chaque fois que j'ouvre la gazette de l'Utopia, riche de promesses de belles découvertes !
     
    Et à la télé aussi, finalement, il y a des trucs à voir. En l'occurence un bon blockbuster, Outlander Viking, une histoire de monstre et de guerrier venus de l'espace et qui se retrouvent malgré eux en plein village viking. Sympatoche, suspens, effets spéciaux, musique qui va bien, un film bien meilleur que ne le laisse présager son espèce de titre. Comme je l'ai dit, je ne boude jamais mon plaisir devant ce genre de film, dès lors que scénario, réalisation et acteurs tiennent la route.
    Et puis une découverte : Un Monde à Nous, film sorti l'an dernier et dont je n'avais pas entendu parler, ce qui est bien dommage car il est très bon. Dans une petite ville du nord de la France, un homme s'installe dans une maison isolée, seul avec son fils. Est-il, comme il l'explique à son fils, poursuivi par de mystérieux tueurs qui auraient déjà tué sa mère ? Ou est-il simplement un homme aux abois, poursuivi seulement par sa propre conscience après l'accident qui a tué sa femme ? Du père et du fils, lequel des deux protège finalement l'autre ? Edouard Baer, qui interprète le père, est magistral, en homme torturé, usé, à bouts de nerfs, à la fois fort et fragile. Une très bonne production française (F. Balekdjian) comme on aimerait en voir plus souvent sur les écrans français - ou plutôt, qu'on aimerait voir plus souvent reconnue par les média.
     
    Bon, qu'est-ce que je vais voir demain... ? Au fait, il faut que je retourne voir Good Morning England. Le dernier Harry Potter ? je ne sais pas si j'aurais le temps, il y a encore un film israélien qui sort avec... Ronit Elkabetz ! et puis un film argentin qui a l'air bien, et puis, et puis... (et puis Peau d'Ane aussi, mais ça vous le saviez déjà, je ne vais pas vous rechanter la chanson ;-) !)
     

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  • Le premier m'avait fait une impression épouvantable (résumé des épisodes précédents : je suis très impressionnable) et encore, je ne l'avais pas vu sur grand écran ! J'avais bcp aimé cette atmosphère post-apocalyptique dans laquelle je retrouvais certains de mes cauchemars. Un deuxième épisode m'avait déçu (il faut dire la vérité : lorsqu'on avait vu la bande annonce, on avait vu le film), et pour tout dire, je ne me souviens absolument pas du troisième (il s'appelait comment déjà ?).

    Je n'avais donc pas vraiment prévu d'aller voir ce nouvel opus craignant le réchauffé de ce genre de reprises. Mais N°1 l'ayant vu m'en avait fait un commentaire élogieux (va le voir maman, c'est encore mieux que le tout premier ! ). Un peu court comme critique, mais d'un autre côté j'ai appris à me méfier des pavés dithyrambiques de la gazette de l'Utopia... j'ai donc fait confiance au fiston et me suis pointée hier soir dans un des complexes cinés du coin. Je n'avais pas mis les pieds ds ce genre d'endroit depuis des années, beurk. Du monde, plein de caisses, un videur, une demi-heure de pub (une demi-heure !) avant le film, et les lumières qui se rallument immédiatement après le mot fin, du coup tout le monde se barre, faut même pas espérer voir le générique tranquillote. Et le film en VF, bien sûr.

    Bon, bref, Terminator Renaissance.

    On se souvient de John Connor, on se souvient de Skynet et des terminators, et c'est bien de tous les retrouver, tous en pleine forme, comme de vieux copains. Rien n'a changé, c'est bien tout comme Sarah Connor l'avait prévu, les humains se planquent et les machines les traquent, pour notre plus grand frisson-plaisir. Cette fois-ci, la menace prend une forme différente, celle d'un hybride humain/cyborg, mais les ficelles sont assez fines pour qu'on ne s'aperçoive pas tout de suite, et puis le rythme du film est tel qu'on n'a pas vraiment le temps de penser. Action est le maître mot du film, les plans s'enchainent, les effets spéciaux aussi et c'est très très agréable. J'aime le cinéma d'art et d'essai, mais j'adore les blockbusters qui tiennent leurs promesses, et c'est le cas de ce Terminator Renaissance. A tel point que je me tâte pour aller le revoir tant qu'il est encore à l'écran. A noter qq clins d'oeil sympas au tout premier opus, du "Je reviendrai ", prononcé cette fois-ci par John Connor, à la station essence où Sarah Connor s'arrêtait pour le tout dernier plan du film. Ce nouveau film se situe qq part entre Terminator et Mad Max, avec une ambiance qui rappelle également celle du Fils de L'Homme dans certains plans, et je n'en attendais pas autant, c'est donc une très très agréable surprise.


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    Un peu de tout dans les films vus ces dernières semaines. De l'animation (puisque de nos jours on ne dit plus "dessin animé" ce qui, je veux bien l'admettre, était restrictif), en l'occurrence le fameux Coraline, adapté du roman éponyme de Neil Gaiman, le tout premier Scorsese, Who's that knocking at my door, le génialissime Good Morning England, deux productions indépendantes (Story of Jen, Sunshine Cleaning) et enfin, pour le frisson, le dernier Sam Raimi, Jusqu'en Enfer.

    Commençons par la fin : Jusqu'en Enfer, de Sam Raimi, donc. J'ai découvert le genre "horreur" assez recemment, étant du genre particulièrement-spécialement-totalement peureuse. L'année où Les Dents de la Mer sont sortis au ciné, j'étais trop jeune pour aller au ciné, mais j'ai quand même eu du mal à me baigner cette année-là. Voilà qui donne une idée de mon niveau de résistance à la peur et d'impressionnabilité… La première fois que j'ai vu Alien (à la télé, bien sûr), j'ai autant entendu les battements de mon cœur que la bande-son du film… Mais l'an dernier j'ai lu un bouquin de Thomas Gunzig, qui s'intitule 10 000 litres d'Horreur Pure, et si le roman en lui-même n'est pas extraordinaire, la préface, consacrée aux films d'horreur, m'a intéressée et m'a donné envie de regarder le genre d'un peu plus près. L'été dernier j'ai donc vu le dernier film de George Romero (Diary of the Dead) et j'ai trouvé ça pas mal. Dans la foulée j'ai vu un film américain pour ados basé sur une histoire de malédiction, et, récemment, un film russe du même style, pas mal du tout, mettant en scène une bande de jeunes gens qui, croyant tourner dans une emission de télé-réalité, se retrouvent aux prises avec un tueur fou. J'ai trouvé Jusqu'en Enfer assez intéressant, j'aime bien voir, dans ce genre de film dont les ficelles sont généralement archi-connues, comment elles sont, justement, mises en place. Evidemment, à fermer les yeux dès que la musique devient trop inquiétante, je loupe l'essentiel, mais je ne désespère d'arriver un jour à regarder un de ces films sereinement ou presque (et sans cauchemarder la nuit suivante). A noter la bonne qualité technique du film (photo, montage, FX bien sûr), et une bonne prestation des acteurs. A noter aussi que, j'étais tellement prise par l'ambiance, je ne me suis aperçue qu'après du fait qu'il n'était pas en VOSTF. En fait il a même fallu que je refléchisse un moment pour arriver à réaliser que les dialogues étaient en français (et en espagnol pour certains) - c'est dire si je m'étais laissée embarquer par ce qui se déroulait sous mes yeux. Du moins quand je ne les fermais pas. D'ailleurs, la prochaine fois, c'est décidé : je ne les ferme pas. Parce que j'avoue, c'est très con : j'ai loupé les trente dernières secondes du film, celles où, justement, l'héroïne est arraché à notre monde pour être emporté en enfer (c'était le but, hein) par un esprit malfaisant. Juste eu le temps d'apercevoir une ou deux flammes de l'Enfer, c'est frustrant !

    Et si mon cœur veut bien tenir le coup (ce dont je ne suis pas très sûre parfois), je devrais peut-être envisager de moins traîner mes escarpins à l'Utopia et plus dans les multiplex qui diffusent Raimi et Romero, parce qu'il faut bien le dire, le Cinéma avec un grand C, parfois, c'est gonflant. Sunshine Cleaning, c'est sympa cinq minutes, mais décevant sur la durée (une bonne idée ne suffit pas pour faire un bon film), quand au tout premier film de Scorsese (Who's that knocking…) qui ressort actuellement dans les salles d'Art et d'Essai, il est intéressant pour des tas de raisons, mais s'il sortait aujourd'hui sans le nom de Scorsese sur l'affiche, pas sûr que les critiques seraient excellentes. A plusieurs moments on a l'impression d'assister à une démonstration de ce tout ce qu'on peut faire avec une caméra, à une mise en pratique de la théorie sur le montage, et on cesse de regarder le film comme un film pour le considérer comme un documentaire. A noter par contre les similitudes de ce film avec le roman de Hubert Selby Jr, Last Exit to Brooklyn, roman qui m'avait fait l'effet d'un véritable coup de poing dans la figure lorsque je l'ai lu. Il me semble que la comparaison est plutôt à l’avantage du roman, qui a nettement moins mal vieilli.

    Coraline… bon, ben Coraline, c'est toujours mieux qu'un de ces anime asiatiques qui m'horripilent, mais je me suis un peu ennuyée. Ca manquait d'un je-ne-sais-quoi, c'était peut-être un peu trop triste finalement.

    Heureusement qu'après Coraline, et surtout après Who's that Knocking… j'ai vu Good Morning England. Si les Dieux de la programmation ciné et du temps libre sont avec moi, j'espère aller le revoir la semaine prochaine. Fringues et musiques des années 60, acteurs formidables, Philip Seymour Hoffman en tête, ambiance déjantée… 2 h 15, c'est trop court. A conseiller d'urgence aux dépressifs, à mettre sur la liste des films à voir impérativement deux fois, sur la liste des BO à acheter, sur la liste des DVD à pré-commander…

    Et pour terminer, Story of Jen. Story of Jen, ça commence mal. On a envie de prendre le réalisateur par les épaules et le secouer en lui disant "mais remet cette p*** de caméra sur son pied N*deD*" !!! Après, je ne sais pas si la caméra s'est calmée ou si je m'y suis habituée, ou encore si je me suis laissée porter par l'histoire et les personnages, toujours est-il que j'ai apprécié le film. Les critiques des professionnels glanées ça et là sur le net ne sont pas très bonnes (mais c'est à se demander si certains ont réellement vu le film), celles des spectateurs sont bien meilleurs, et il est vrai que ce film mérite qu'on s'y arrête.

    Jen a quinze ans, elle vit dans un village au fin fond du Canada. Elle est différente des autres ados. Parce qu'elle est d'une famille francophone dans une région anglophone, parce qu'elle porte jeans et sweat quand les autres filles de son âge s'exhibent en mini-jupes et top sans manches, parce qu'elle est la fille d'une mère trop jeune (Marina Hands, surprenante dans un rôle si éloigné de Lady Chatterley) mais durcie par la vie et la mort dramatique de son mari. Le grand'père vit sur elles, mais à distance, car les liens familiaux ne sont visiblement pas le fort de cette famille. Un jour, Ian, le seul membre de la famille du père de Jen qui s'intéresse à elles, débarque pour leur donner un coup de main. Entre Jen et Ian, des liens troubles vont s'établir…

    Un film assez minimaliste : tout est concentré sur les personnages principaux, les personnages secondaires ne sont là que pour servir l'intrigue. Les personnages parlent peu (hormis Jen, en voix off), les décors sont assez simples dans la première partie. Mais l'intrigue qui se déroule sous nos yeux prend des allures de tragédie grecque dans une seconde partie radicalement différente de la première. On quitte alors le microcosme d'un petit village campagnard pour une chasse à l'homme dans les larges paysages du grand nord canadien, et on est très très loin de la bluette made-in Walt Disney dans laquelle un gentil étudiant nord américain taquinait l'élan sur fond de guitares très coools. Car les personnages de Story of Jen ne sont pas forcément très sympathiques. Ian semble n'avoir ni foi ni loi, et couvre Jen d'un regard peu paternel ; les sentiments de la mère de Jen ne sont pas très clairs, et il y a peu d'humanité parmi les habitants du village.

    Quand à Jen… j'ai trouvé le personnage intéressant par sa complexité. Jen a quinze ans, elle se sent différente des autres ados sans bien comprendre les raisons de sa différence, elle vit dans une famille différente mais aussi dans un monde différent dans sa tête. Les autres filles rêvent de flirts, elle rêve du grand amour, à l'image de celui, pourtant excessif, qu'éprouvait son père pour sa mère. Elle a des rapports ambigus avec sa mère, lui en veut certainement du suicide de son père, de l'avoir eue trop jeune aussi certainement, et pourtant, elle s'investit totalement dans une grossesse non désirée, et jsq bout (du film) tente de se convaincre de ses sentiments pour Ian … Il est très rare de voir au ciné la description aussi réussie de sentiments aussi ambivalents, aussi proches, également, de la "vraie" vie. On est loin de Into the Wild, on est très loin aussi de Juno.  Un film, enfin, qui m’a fait penser à un roman d’une romancière canadienne anglophone, Megan Lindholm, plus connue sous le pseudo de Robin Hobb sous lequel elle publie d’interminables sagas de fantasy. Le roman en question, Le Dieu dans l’Ombre, évoque les amours entre une jeune femme et Pan (oui, le Dieu), et de nombreux aspects de Story of Jen m’ont rappelé cette étrange histoire qui a dérangé nombre de jeunes lecteurs fans de Robin Hobb. Attrait d’une sexualité hors-norme, personnage masculin à mi-chemin de l’homme et de l’animal, difficulté pour certains à s’insérer dans une société « normale » ou plutôt, normative, et hymne à la nature… tout cela figure dans Le Dieu dans l’Ombre (à lire, donc), et apparaît donc également dans cette Story of Jen, dérangeante autant qu’attirante.


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  • Quand j'étais en fac d'espagnol (ou plus exactement "Lettres et Etudes Ibériques"), un de nos vieux profs nous disait toujours "Lisez le Décaméron, mais lisez le Décaméron !". Ayant eu l'occasion de le dénicher, un de ces étés-là, à la bibliothèque d'à côté, je l'avais donc lu. J'ai toujours pensé que ce prof nous faisait une gentille blague. Parce que le Décaméron, c'est un recueil de nouvelles sur le thème général des relations hommes/femmes, et celles-ci sont parfois très cocasses, voire grivoises.
    Vingt-cinq ans plus tard, je suis en train de découvrir L'Héptaméron, écrit par Marguerite de Navarre, sur le même thème. Si j'avais lu le Décaméron dans une traduction en français moderne, je lis l'Heptaméron en français ancien, et la langue est savoureuse !

    En ville de Paris y avoit ung marchant amoureux d'une fille sa voisine, ou, pour mieulx dire, plus aymé d'elle qu'elle n'estoit de luy, car le semblant qu'il luy faisoit de l'aymer et cherir n'estoit que pour couvrir ung amour plus haulte et honorable; mais elle, qui se consentit d'estre trompée, l'aymoit tant, qu'elle avoit oblyé la façon dont les femmes ont accoustumé de refuser les hommes. Ce marchant icy, après avoir esté long temps à prandre la peyne d'aller où il la pouvoit trouver, la faisoit venir où il luy plaisoit, dont sa mere s'apperceut, qui estoit une très honneste femme, et luy desfendit que jamais elle ne parlast à ce marchant, ou qu'elle la mectroit en religion. Mais ceste fille, qui plus aymoit ce marchant qu'elle ne craignoit sa mere, le chercheoit plus que paravant. Et, ung jour, advint que, estant toute seulle en une garde robbe, ce marchant y entra, lequel, se trouvant en lieu commode, se print à parler à elle le plus privement qu'il estoit possible. Mais quelque chamberiere, qui le veyt entrer dedans, le courut dire à la mere, laquelle avecq une très grande collere se y en alla. Et, quant sa fille l'oyt venir, dist en pleurant à ce marchant: "Helas! mon amy, à ceste heure me sera bien chere vendue l'amour que je vous porte. Voycy ma mere, qui congnoistra ce qu'elle a tousjours crainct et doubté." Le marchant, qui d'un tel cas ne fut poinct estonné, la laissa incontinant, et s'en alla au devant de la mere; et, en estandant les bras, l'embrassa le plus fort qu'il luy fut possible; et, avecq ceste fureur dont il commençoit d'entretenir sa fille, gecta la pauvre femme vielle sur une couchette. Laquelle trouva si estrange ceste façon, qu'elle ne sçavoit que luy dire, sinon: "Que voulez-vous? Resvez-vous?" Mais, pour cella, il ne laissoit de la poursuivre d'aussi près que si ce eut esté la plus belle fille du monde. Et n'eust esté qu'elle crya si fort que ses varletz et chamberieres vindrent à son secours, elle eust passé le chemyn qu'elle craingnoit que sa fille marchast. Parquoy, à force de bras, osterent ceste pauvre vielle d'entre les mains du marchant, sans que jamais elle peust sçavoir l'occasion pourquoy il l'avoit ainsy tormentée. Et, durant cella, se saulva sa fille en une maison auprès, où il y avoit de nopces dont le marchant et elle ont maintesfois ri ensemble depuis aux despens de la femme vieille qui jamais ne s'en apparceut.

    N'est-ce pas superbe en même temps que drôle ?

    Le point de départ du Décaméron et de L'Heptaméron est le même : dix personnes, hommes et femmes, plutôt jeunes, de bonnes familles, sont isolées dans un même endroit et contraintes d'y séjourner un certain temps en raison d'un évênement  (la peste qui sévit à Florence pour le Décaméron, une innondation pour l'Heptaméron). Pour passer le temps, ces braves gens, fort bien nés et donc fort cultivés, las de discuter de tout et de rien, décident de raconter chacun une histoire courte chaque jour. Ce qui donnera donc, pour le Décaméron, un recueil de 100 nouvelles (un peu moins pour le recueil de Marguerite de Navarre), qui se lisent vite et avec plaisir.

    Quelques jeunes gens enfermés, coupés du monde, contraints de vivre ensemble un temps donné… cela ne vous rappelle rien ?
    Aujourd'hui on enferme dix personnes dans une maison avec une piscine, des caméras, on laisse macérer et pas de chance, on ne se retrouve pas avec Le Décaméron, mais avec On l'appelait Miette, de Loana. Autres temps, autres mœurs. Il semble que l'évolution de l'Humain le dirige vers plus de silicone et moins de cellules grises, version remasterisée du bon vieux dinosaure en qq sorte. Mais c'est beaucoup moins rigolo.

    Le Décameron, en e-book gratuit, à télécharger, lire en ligne (sauvez des arbres !) ou imprimer (sauvez des emplois !)
    http://www.livrespourtous.com/
    L'Heptaméron est également disponible, sur Gallica :
    http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-101461



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  • Ne pas mettre le réveil un jour de semaine, c'est vraiment bien.Et les week-end de trois jours, j'y avais bien pris goût au mois de mai !

    Je suis allé au ciné, séance de début d'après-midi, je pensais être seule, mais non, il y avait foule : nous étions cinq ! Un film argentin, La Ventana, de Carlos Sorin, un film admirable.

    Une estancia au fin fond de la pampa argentine. La maison est ancienne, on comprend que le domaine a connu des jours meilleurs. Don Antonio, vieillard au coeur fatigué, y attend, alité, la venue de son fils, pianiste reconnu internationalement, qu'il n'a pas revenu depuis des années. Antonio est veillé par deux femmes, qui l'entourent de leurs soins et de leur affection.

    Dans Le Monde, l'article consacré au film, compare celui-ci à une nouvelle, dont il a la concision. En effet, ce film est concis, mais, surtout, il évoque, il suggère, plus qu'il ne raconte, et laisse toute liberté au spectateur d'imaginer l'histoire qu'il veut autour de ces images, par ailleurs magnifiques et baignées d'une lumière chaude qui illumine l'intérieur de la chambre du vieillard mais aussi les immenses plaines de la pampa. Le spectateur impatient, ou inattentif aux petits détails s'ennuiera peut-être. Ces détails, ce sont, par exemple, des soldats de plomb coincés dans les cordes du piano, et qui désacordent celui-ci. Que penser de ces soldats ? ce que l'on veut, et c'est là toute l'originalité de ce film, comme je l'ai dit plus haut. A noter aussi, un soin tout particulier (chapeau aux décorateurs et accessoiristes) apporté au décor. Ainsi, la maison dans laquelle se situe l'intrigue porte réellement le poids des ans, et le petit déjeuner servi à Antonio l'est dans un authentique service à thé des années 30, en faïence légèrement jaunie et dont les filets dorés dénotent un usage régulier mais soigneux. Bref, ce film est une merveille, chaque plan - fixe, lent - est une réussite. Quand à l'acteur, Antonio Larreta, il interprête d'une façon admirablement juste, et émouvante, ce vieillard aux portes de la mort, qui écoute la pendule égréner les minutes qu'il lui reste à vivre, qui contemple le monde qui l'entoure tant qu'il le peut encore. C'est le genre de film dont on sort en regrettant qu'il passe inaperçu, quand tant de films de moindre qualité (mais made in usa) connaissent un succès injustifié. Or le cinéma sud-américain est vraiment exceptionnel !

    Au ciné, une autre bonne chose : le thème du prochain Festival du Film d'Histoire : Il était une foi : le Communisme. Il va falloir que je pose une semaine de congés !

    Ce n'est que le programme scolaire, donc, pour l'instant j'ignore tout du programme complet, films et conférences, mais, déjà, c'est alléchant : La Faute à Fidel, Cuba Histoire d'un Mythe, Tito et Moi, Les Autres, S21 Machine de Mort, Vivre ! ...

    En sortant du cinéma, je suis passée à la bouquinerie, je commence à chercher des bouquins pour l'an prochain (je cherche, en particulier, Aurélien, d'Aragon). Si je n'ai pas trouvé ce que je cherchais, j'ai fait quand même le plein de bouquins - alors que je suis à découvert ! Et, justement, des romans dont les adaptations sont au programme du festival du Film d'Histoire : Balzac et la Petite tailleuse Chinoise, de Dai Sije, et La Ferme des Animaux, de George Orwell. Si mon compte en banque est vide, ma bibliothèque est pleine... ;-)

     

    Après, tout simplement rentrée à la maison tranquillote, gros ménage en suivant comme ça je n'aurais pas à le faire ce week-end, et préparation d'une sauce pour accompagner des tagliatelles fraîches : oignons, poivrons, tomates en coulis... délicieux !

    Avec tout ça, je n'ai toujours pas classé mes photos, etc, etc... !


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