• Ciné, encore et toujours

    Si je pouvais y aller tous les jours, je le ferai. En l'occurence, samedi après-midi, c'était cinoche, et dimanche midi aussi. Oui, je sais, pour bcp de gens, c'est plutôt difficile d'aller de bonne heure s'enfermer dans le noir, ça fait bizarre quand on en sort en pleine après-midi. En fait, comme bcp de choses, c'est une question d'habitude, et je suis devenue une inconditionnelle des séances du samedi 14 h à l'Utopia, et du lundi ou du vendredi 17 h au Jean-Eustache, juste en sortant du boulot. Je trouve que c'est bien mieux comme ça, aller au ciné le soir quelle horreur, on a mangé, on est peinard ds ses charentaises, faut ressortir dans le froid et la nuit, et puis après le ciné, rentrer dans le froid et se mettre au lit en suivant, en plus si le film était bon on a pas envie de dormir de suite...

    Bref.
    Ce week-end, hasard de la programmation, j'ai vu deux très bons films qui, des deux bouts du continent américain, racontaient finalement la même histoire, celle de ces femmes, seules et pourvues de gamins, doivent se débrouiller quoiqu'il arrive pour nourrir leurs gosses et payer le loyer. Et qui finissent, forcément, par devenir moins regardantes sur la façon de trouver le fric adéquat.



     


    Linha de Passe
    , tout d'abord. Film brésilien, il raconte le quotidien de Cleuza, mère de famille dont on ne sait pas qui lui fait des enfants, vraisemblablement des mecs sympas mais vraisemblablement assez fugitifs, vus que les gamins - quatre garçons - ne les connaissent même pas. Cleuza et sa famille vivent dans une favela de Sao Paulo, et chacun de ses cinq personnes a son rêve. Un des fils rêve d'être footballeur professionel, le plus jeune voudrait retrouver son père et comprendre d'où lui vient son teint si noir, et Cleuza voudrait faire vivre ses enfants decemment, et peut-être aussi que celui qu'elle attend soit une fille. Le talent des réalisateurs est de parvenir à nous intéresser à chacun d'eux, et à nous  les rendre si proches qu'on a l'impression de les connaître intimement. Aucun pathos, aucune volonté de faire du misérabilisme sur le dos des habitants de la favela. Comme dans John-John, film philippin vu l'an dernier, la favela est filmée comme tout autre endroit dans le monde.







    Frozen River
    nous emmène donc à l'autre bout -
     pas tout à fait mais presque -  du continent américain, à la frontière USA/Canada. Le fleuve gelé réunit, le temps de l'hiver, les deux pays, et c'est là que vit Ray et ses deux gamins, plantés dans leur mobil-home pourri par le père, parti claquer les économies destinées à acheter un mobil-home (toujours pas de maison, mais au moins isolé correctement), dans un casino quelconque mais au soleil, la veille de Noël. Alors quand elle s'aperçoit que faire passer des travailleurs clandestins d'une rive à l'autre, c'est risqué mais bien payé, elle n'hésite pas longtemps, en dépit des réticences qu'elle peut éprouver en découvrant que l'esclavage, ça existe toujours...












    Le quotidien donc. Des employeurs peu scrupuleux et fermant les yeux sur les difficultés de ces femmes, la tentation pour ces femmes et, en suivant, pour leurs enfants, d'aller chercher l'argent facile là où il est, quitte à renoncer à certains principes moraux, ces deux films traitent ce même sujet sobrement, et sans happy-ends hollywoodiennes improbables. Linha de Passe a une fin ouverte, et c'est parce que la vie est ainsi, quand à Ray, si elle échoue en prison on sait qu'il ne pouvait en être autrement un jour ou l'autre.
    Au-delà de ces films, la description de notre société actuelle et de ses dérives. Les mobil-homes pour les pauvres, c'est fréquent aux USA depuis pas mal d'années. On les voit à l'écran, sont déjà présents en littérature depuis un certain temps (je vous conseille Trailer Park, de Russel Banks) - en France on commence juste, dans certains journaux télévisés,  à aborder le sujet de ces campings ouverts à l'année et qui abritent désormais ce qu'on appelle les "travailleurs pauvres". Il faut se rendre à l'évidence : le rêve américain est derrière nous.

    Et "rendre au travail sa vraie valeur" comme se plait à nous le chanter sur tous les tons le petit Nicolas, n'est qu'un bien mauvais slogan démagogique. Le petit Nicolas devrait aller au cinéma plus souvent, ou alors aller voir autre chose que les Ch'tis ou les Xmen...


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