• Pulsions inassouvies...

    Parmi toutes les tâches absolument palpitantes qui m'occupent sept heures par jour au boulot, il y a les changements de petits matériels, téléphones, souris, clavier. Ben oui, il faut bien que quelqu'un le fasse, et comme mes petits camarades techniciens informatiques sont débordés, on m'a refilé le bébé (mais j'étais volontaire).

    Comme m'a dit l'un d'eux : "changer une souris tout le monde peut le faire". Oui, sauf qu'il y a la manière et que si j'ai été volontaire pour le faire, c'est que je trouvais que parfois, ça manquait un peu d'amabilité.

    Six mois après, j'avoue qu'il m'arrive parfois de trouver ça gonflant. D'ailleurs je suis en train de constituer un bêtisier, parce que ça peut être parfois assez drôle.

    Aujourd'hui par contre, je n'ai pas trouvé ça drôle. Mais c'est normal, c'est la lune.

    D'abord, c'est une fille qui a fait la demande suivante : "l'écran de mon téléphone se fige, merci de procéder à son changement". Je lui ai donc adressé un mail en lui disant de passer à mon bureau, je lui changerai son téléphone. J'ai reçu la réponse suivante : "Je ne vois pas pourquoi ce serait à moi de me déplacer, d'abord je ne sais pas comment faire fonctionner ce téléphone. En plus ce n'est pas mon métier à moi. Donc, merci de venir procéder au changement".

    En bon taureau, j'ai vu rouge. J'aurai aimé pouvoir me lâcher, style "ben c'est à vous de vous déplacer parce que j'ai cassé ma jambe de bois dans l'escalier ce matin" ou "eh patate si tu sais pas te servir d'un téléphone c'est mal parti" ou encore "eh bé à moi non plus, c'est pas mon métier"... J'ai donc tourné dix-sept fois les doigts autour de mon clavier, parce que parfois je suis ma pire ennemie. Parce qu'il faut savoir un truc : dans une boîte où on dépasse allègrement les deux mille employés, et où réorganisation est le mot favori des grands chefs, on apprend vite qu'on peut se retrouver vite fait avec n'importe qui au-dessus de soi dans la hiérarchie. Bref, je me suis un peu renseignée sur la nana, ai appris qu'elle arrivait de Paris, et lui ai donc répondu que sur le site bordelais, les techniciens ont trop de travail pour pouvoir se déplacer sur des interventions qui ne nécessitent pas de compétences techniques et pour lesquelles les utilisateurs peuvent se déplacer. Mais parce que j'étais quand même énervée, j'ai ajouté "ce n'est pas non plus mon métier, et que cela se surajoute à mes fonctions habituelles. Donc, merci de votre compréhension".

    Ensuite, il y a une autre fille qui a demandé un écran. Elle a un pc portable, elle veut un écran supplémentaire car l'écran 15" de son portable est trop petit. D'ailleurs elle signale que ses petits camarades autour d'elle ont tous un écran en plus de leur portable. Ah oui, ça aussi, c'est une des joies de l'entreprise : on édicte des règles, et nous on s'emmerde à les appliquer, mais il y a toujours un plus hierarchisé pour obtenir ce à quoi il n'a pas droit. Alors forcément, les autres demandent pareil. Bref, elle demande un écran, et je lui réponds non, bien sûr, puisque je suis payée pour ça. Evidemment, réponse "nous (comprendre : nous les pauvres cadres qui nous déplaçons sans arrêt) sommes donc pénalisés deux fois : une fois lors de nos déplacements avec un matériel très lourd, une deuxième fois quand nous travaillons avec des écrans trop petits". J'ai été très zen, j'ai juste répondu "je ne suis pas autorisée à commenter les décisions de l'entreprise en matière de choix et d'attribution des matériels."

    J'aurais bien aimé lui parler des voyages gratuits dont elle bénéficie (bénéfice personnel) à force de prendre l'avion pour le compte de la société avec son pc portable tellement lourd... 

    Comme je suis très con en ce moment (un coup de fil d'une des profs de N°2 ce midi n'a pas vraiment contribué à ma zénitude...), j'ai mis le coordinateur de mon équipe en copie de mes mails, histoire de faire monter sa tension. Lui aussi, il m'énerve. Alors je me venge comme je peux. Parfois, en plus, je suis mesquine.

    La journée n'était pas tout à fait terminée. J'ai envoyé un mail (je travaille via outlook en fait) à une utilisatrice qui avait un problème de téléphone (encore !) il a qq jours, et pour laquelle j'avais demandé une vérification de sa ligne, pour savoir si ça allait mieux. Réponse : "oui merci, un monsieur est venu il m'a changé mon téléphone (note : dans mon équipe on ne se déplace pas, mais les vérificateurs de ligne, oui, et parfois ils changent les téléphones sur place, eux !), mais bon, on nous donne des téléphones qui sortent droit du grenier !" Là encore, très zen, j'ai répondu que si on donne du matériel qui n'est pas neuf, c'est qu'on va changer de technologie et que bientôt, on aura des téléphones neufs... J'aurais bien aimé me lâcher un peu, style "ben vu la gueule de ton téléphone précédent, dans tous les cas celui là peut pas être plus sale"... (dans une entreprise, l'état des claviers, téléphones... est souvent peu râgoutant. Fond de teint et tâches de café - au mieux - crasse - au pire, et je ne veux même pas penser à ce qu'une analyse labo pourrait révéler...), ou pire, "ben tu sais, on va supprimer des postes, alors on n'achète plus de matériel neuf, on récupère..."

    Si certains ont des sueurs froides en pensant à un éventuel plan social, c'est pas le cas de tout le monde visiblement...


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