• Le pont

    L'autre nuit j'ai fait un cauchemar : le pont de chemin de fer avait été changé, il avait été remplacé par un pont tout neuf. Une rambarde de bois avait été posée, cachant les rails, les caténaires, ces bons vieux caténaires en ogives, avaient disparus, mais surtout, sacrilège, toute la verdure environnante avait disparu, arrachée. Il n'y avait plus que de la terre, et du béton.

    Il n'est pas beau, ce pont. Mais il date de 1920, et bien du monde a dû passer dessous. J'imagine qu'à l'époque, la route qui passe là était en terre, peut-être en pavés. Il y avait le pont, le château un peu plus loin, et quelques maisons, de loin en loin. Un peu plus bas, la Devèze coulait à l'air libre, et à coté, un hameau de maisons modestes, basses, en pierres - elles sont toujours là, cerclées aujourd'hui de maisons et bâtiments récents.

    Je l'aime bien, cet endroit, cette voie ferrée, si peu passante qu'elle ne me gêne pas, et, surtout, ces arbres qui la bordent et qui me font un si beau vis-à-vis, abritant des oiseaux dont le chant me ravit, au lever et au coucher du soleil, et accueillant en automne la visite du petit écureuil du parc d'à coté, venu faire provision des fruits de l'un des arbres.

    Je serais fort déçue qu'un jour, tout cela soit remplacé par du béton, les arbres arrachés, la voie désaffectée, le terrain remplacé par des bâtiments.

    Ce n'est pas le plus beau des paysages, mais je m'y suis attachée.


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