• Le poids des jours

    Tu te réveilles comme tu t'es couchée. Avec le poids de ta vie sur tes épaules, et elle pèse lourd, le poids de tous tes ratages. Aux infos, tu apprends que quelque part, un train a dû s'arrêter, un homme s'est couché sur les rails. Tu hoches la tête. Hier tu es allée au cinéma, c'était une fuite plus qu'un choix. Le cinéma c'est cent vingt minutes d'oubli. En rentrant tu t'es servi un whisky. Comme d'habitude tu t'es trouvée dans cet entre-deux bizarre, la sensation d'une réalité plus aigue tout en te sentant détachée de toi-même. Pas la peine de t'en verser un second, qui ne t'apporterait rien de plus, et plutôt moins. Le whisky, c'est rare. Tu te l'autorises le samedi soir. Brave petit soldat. Tu ne dépasses pas la dose acceptable, tu te lèves le matin pour aller bosser, tu respectes les limitations de vitesse. Tu t'achètes un bouquet de fleurs. Tu luttes pied à pied contre. Contre quoi. Tu ne sais pas. Ce n'est pas de la dépression. C'est la vie, c'est ta vie. Tu regardes en arrière et tu voudrais trouver au moins une chose positive, et tu n'en trouves pas. Tu regardes en avant et tu te demandes ce que tu vas pouvoir faire du temps qu'il te reste, sur cette pente descendante qu'est la vieillesse et sa déchéance.

     

    J'ai failli annuler la sortie OVS à laquelle je m'étais inscrite cet après-midi. Mais c'est mal vu de se désinscrire au dernier moment, et puis je n'avais pas envie de passer une après-midi seule avec moi-même, avec les pensées négatives tournoyant dans ma tête. Ces pensées, je les ai en permanence, alors de temps en temps ça fait du bien d'y échapper. Et puis je suis donc un brave petit soldat. Vendredi soir je suis sortie chez une amie, hier je me suis achetée des fleurs, et aujourd'hui c'était donc une sortie OVS dans un parc à quelque kilomètres de Bordeaux. Demain, c'est un pique-nique avec l'amie de vendredi soir.

    Hier, à la médiathèque, j'ai parcouru un livre sur la crise du milieu de vie. Je ne l'ai pas emprunté. La crise du milieu de vie, je sais ce que c'est, je l'ai vécue il y a sept ans. Sept ans, pourtant ça me parait hier. Mais c'est bien sept ans, et cela fait sept ans que j'en paye le prix. Mais peut-être les choses auraient-elles tournées ainsi, malgré tout.

     

    J'ai mieux terminé la journée que je ne l'avais commencée. Le groupe OVS était sympa, le parc était superbe, avec des forêts de rhodondendrons immenses. C'était très surprenant, cette forêt de rhododendrons dans la forêt de pins. Le pot qui a suivi la balade m'a fait du bien aussi. Je suis rentrée par de petites routes de campagne, près et pins, et il faisait bon. Ce soir, comme tous les dimanches soirs mon fils cadet est venu. Il est beau, intelligent et semble équilibré. Mais comme je n'ai qu'une mauvaise opinion de moi-même, je ne peux pas penser que ce soit grâce à moi. C'est simplement un coup de chance. D'ailleurs mon fils aîné, lui, ne me semble pas aussi épanoui, et là, c'est forcément de ma faute.

    Je crois que j'ai encore de longues  séances de psy devant moi, même si je doute que le psy puisse m'aider à trouver un sens à tout ça.


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