• Journée de m****

    (désolée pour la grossièreté, mais je ne vois pas comment la qualifier autrement)

    Je pensais venir pour trois/cinq ans. Je pensais tenir deux/trois ans. Je pensais qu'un an serait le grand maximum. Je ne sais même pas comment je pourrai tenir six mois. J'ai passé une bonne partie de la journée avec les larmes aux yeux, me réfugiant de temps à autre aux toilettes quand je ne pouvais pas les empêcher de couler. Bien sûr, difficile de se concentrer dans ces conditions là, la journée d'aujourd'hui, toujours en formation car celle-ci a finalement été rallongée de deux jours car nous n'avons pas vu certaines spécificités, a également été marquée par une grande difficulté à suivre les explications de la formatrice, et j'ai bien senti que je pourrais perdre les pédales. Je maîtrise, pour l'instant je maîtrise encore, mais donc très difficilement. Je maîtrise à grand'peine les larmes, je maîtrise à grand'peine l'envie de hurler "mais sortez-moi de là". J'arbore une sorte de sourire/rictus figé, pour essayer de retenir tout ça, mais je ne suis pas bien sûr d'avoir donné le change à la formatrice. Evidemment, cela s'accompagne d'un sentiment de dévalorisation absolu. Dans le journal interne à la société, il y a eu qq articles consacrés aux mutations récentes sur Pau, et ça donne qq chose comme "je m'éclate dans mon nouveau boulot et  Pau est une ville super accueillante". Certes, les béarnais sont sympathiques, j'ai eu l'occasion de le dire. Mais je ne trouve pas mes marques dans cette ville. La question est donc maintenant : comment sortir de cette situation là, par le haut, je veux dire le moins mal possible. Il faudrait que j'aille voir le DRH pour lui dire que le boulot me convient, mais pas le lieu, et j'avoue (je ne suis pas à une contradition près) que j'ai du mal à franchir le pas, je ne sais pas comment je vais arriver à exprimer ça, c'est ridicule, une mutation, surtout demandée par moi, ça doit forcément être bien se passer - le mot échec existe rarement dans le monde du travail, et alors c'est très négatif. J'ai honte, bien sûr, et puis c'est donc encore un échec, mais pas des moindres, avec déménagement en plus ! Et puis je suis employée, pas cadre, et on a toujours l'impression que les employés doivent rester humbles, ne pas se tromper en disant : j'ai postulé mais finalement ça ne me convient pas. Ca me semble être sacrilège et, en bonne fille élevée dans une soumission totale à l'adulte, à l'autorité, j'ai du mal  à franchir ce pas. L'éducation est pesante...  Je pourrais, si je tiens jusque là, attendre mon rdv de demain soir avec le psy, mais c'est difficile, surtout que chaque jour qui passe me parait me condamner à rester éternellement ici, une sensation bizarre que je ne sais décrire autrement. Je n'irai pas à la gym, ce soir, je suis dans une sorte de mal-être, de tension qui me fait me replier sur moi-même, pas envie de parler, pas envie de bouger, j'ai même un sentiment de peur que je ne comprends pas, ce n'est pas de l'angoisse, c'est différent, une peur de l'avenir peut-être, peur de rester coincée ici je crois.


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