• Gasp.

    L'encadrement au grand complet est parti la semaine dernière pour la grand'messe annuelle : présentation des résultats. D'habitude, c'est : présentation des résultats, satisfaction, congratulations. Mais là, c'est plutôt : présentation des résultats, consternation, réorganisation. La messe étant dite, nos chefs managers, de retour au bercail, nous en font une restitution. En ce qui concerne notre équipe, c'était ce matin. Si on espérait la moindre information concrète sur ce qui nous attend dans les mois à venir : c'est loupé. Rien, nothing, nada. En bref : la conjoncture est mauvaise, les gens sont fauchés, c'est la crise, ça va durer et il faut qu'on se serre les coudes et qu'on se retrousse les manches. L'année à venir va être dure, il faut qu'on travaille tous ensemble, le maître-mot est Solidarité ! Je n'ai pas pu m'empêcher de réagir, et de dire que ça me gonfle quand même bien ce genre de discours qui demande toujours aux employés de faire des efforts comme si nous n'en faisions jamais assez, alors que tout là haut, ces types sont largement trop payés pour prendre, au final, de mauvaises décisions, et que par solidarité ils pourraient se passer d'une partie de leur salaire. Et que la solidarité, ce serait bien que ça veuille dire qu'on soit tous là encore à la fin de l'année prochaine...

    Mais le must de cette réunion, c'est quand notre chef manager nous a expliqué qu'un des hauts directeurs (pressenti depuis toujours comme le dauphin qui succèdera au DG) leur a expliqué qu'il faut nous recentrer sur le client, et analyser les habitudes de consommation du client pour détecter de nouveaux besoins. Il a parlé du cas des stations services BP en Grande-Bretagne : eh bien figurez-vous qu'en GB, les types qui vont faire leur plein, le font généralement le midi et le soir et que - oh comme c'est surprenant - en profitent pour acheter de la bouffe. Donc, des types en ont déduit qu'il fallait implanter des sandwicheries dans les stations-services. Intéressant, n'est-il pas ?

    J'ai carrément sauté en l'air, façon volcan (mes collèges adorent, moi un peu moins car j'ai toujours du mal à me maîtriser). J'ai dit que j'étais très contente de constater que M. X. découvrait les fondamentaux du commerce, qu'un certain Emile Zola a parfaitement décrit dans un de ses romans au siècle dernier, par exemple.

    Ma chef manager a eu un peu de mal à enchaîner. Cinq minutes plus tard, elle nous a expliqué aussi qu'un autre trouduc directeur s'est aperçu que, sur le modèle des usines de production, on devrait pouvoir rationnaliser certaines tâches effectuées dans différents services en créant un service qui centraliserait les tâches communes aux différents services. Consternant. Un de mes collègues a fait remarquer que, précisemment, avant une des précédentes réorganisations, nous étions justement organisés de cette façon-là... 

    Je vous le dis : dans ma boîte, ya un mec qui va découvrir un jour que la terre, elle est ronde...

    Mais bon, ma chef manager n'en démord pas, tout le monde, même les plus hauts placés, peuvent faire des erreurs, l'essentiel c'est que nous restions motivés, elle-même fera le maximum (et il faut lui rendre cet hommage là, c'est vrai) pour nous, pour sauver nos postes, mais qu'il ne faut pas oublier que nous sommes dans un système capitaliste, que nous en profitons tous, et que si ça ne nous plait pas, et bien nous pouvons toujours partir. (The Enterprise : love it or leave it)

    A ce stade là, un peu écoeurée, j'ai estimé que ça ne valait même plus le coup d'essayer de lui expliquer : 1) que le capitalisme c'est fini et que c'est malheureusement bien pire, 2) qu'avec ce genre de raisonnement, on en serait encore au temps du servage si quelques uns ne secouaient pas le prunier de temps en temps. J'ai quand même tenté de lui expliquer que si, comme elle l'affirme, nous avons besoin des actionnaires, les actionnaires ont aussi besoin de nous. Mais apparemment, je ne suis pas très convaincante en théoricienne marxiste. Ca doit être un effet de la robe et des talons hauts.

    Je pensais que le reste de la journée serait tranquille, et que je ne pourrais entendre pire...

    Hélas, trois fois hélas.

    J'ai été cherché N°2 ce soir, il est actuellement en stage. Dans la voiture on a papoté, et puis comme on reparlait d'un de ses copains (fête d'anniversaire entre copains samedi dernier), je lui ai demandé ce qu'ils lui avaient offert.

    "Un faux vagin dans un bocal."

    Gasp.

     


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