• Existentialisme

    Un aller-retour pour aller déjeuner tous les trois avec mon fils aîné, puis des courses à faire ensemble, et donc l'occasion, comme à chaque fois, d'avoir une conversation à bâtons rompus avec mon cadet. Je m'inquiète toujours autant de son avenir, me demandant où j'ai failli pour que mon fils de 19 ans, intelligent et doué (mais pour quoi finalement ?) ne fasse rien cette année. Et je m'inquiète d'autant plus lorsqu'il m'annonce cet après-midi que de toute façon, il ne sait pas ce qu'il veut faire. Qu'il avait choisi de faire un bac pro commerce par défaut, et qu'il n'a aucune idée du métier qu'il voudrait faire.

    A l'heure où l'on parle d'orientation dès la classe de quatrième, c'est affolant de constater qu'en fait les enfants auraient au contraire besoin de plus de temps et de davantages de moyens pour savoir comment et vers où s'orienter. Car mon fils m'a expliqué qu'une bonne partie de ses camarades, issus de sa classe de terminale, est également dans l'impasse. Certains n'ont pas eu le bac, d'autres l'ont eu mais ne se sont pas inscrits dans des études supérieures, et ne font rien, comme lui. Certes, cela me déculpabilise. Mais ne change rien à mon inquiétude.

    Autre sujet d'inquiétude : "Parfois, je me demande si les autres pensent." ; "J'ai l'impression que mon cerveau travaille tout le temps, et  je ne sais pas si c'est le cas pour les autres." C'est ce qu'il m'a déclaré. Et puis aussi : "Quand on est jeune, on sait que quand on sera grand, on va travailler, et puis on se mariera et on aura des enfants, et puis quand on travaillera, on attendra la retraite ; mais quand on sera à la retraite ? l'étape suivante c'est la mort.". Rien de nouveau  pour moi : ce sont les pensées que j'ai tous les jours. Mais moi, j'ai presque 50 ans. Et lui il n'en n'a pas 20. Est-il possible que je lui ai transmis, dans ses gênes, mes angoisses existentielles ? A 20 ans, je n'avais pas ce genre de choses, de questionnement, en tête. Pour autant, il est d'un naturel plutot gai, mais je suis bien placée pour savoir que l'humour est parfois "la politesse du désespoir" comme a dit je ne sais plus qui. Je l'ai renvoyé à la philosophie, en lui expliquant que d'autres, depuis l'antiquité, s'étaient posés les mêmes questions que lui (faisant un bac pro, il n'a malheureusement pas eu de cours de philo). Je lui ai parlé de L'Etranger, de Camus.

    Il va de soi que je vais le surveiller de près. Et je réalise qu'il faut absolument que je lui transmette tout ce que j'ai appris ces dernières années, par mes lectures, par l'écoute de Michel Onfray, par mes propres questionnements aussi. J'ai encore un rôle à jour auprès de mon fils, et il ne faut pas que je le rate.


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