• Et meeeeeerde

    J'étais toujours aussi stressée, en cette fin de semaine, les vacances vont me faire du bien, mais au moins j'étais soulagée d'avoir décidé de couper, pour une durée indéterminée, les ponts avec mes parents.

    C'était sans compter ma copine Chloé, qui habite dans la même résidence que mes parents, et qui (elle ne travaillait pas aujourd'hui) m'a appelé en fin de matinée : "écoute, je viens de sortir de l'immeuble et il y avait une ambulance et les pompiers avec la grande échelle, je crois que c'était pour l'appartement de tes parents...".

    Un instant, j'ai espéré un suicide collectif.

    Mais j'ai pensé que, plus probablement, ma mère avait fini par mettre le feu à la cuisine. Ben oui, elle perd la tête, elle oublie qu'elle a quelque chose en train de cuire, et mon père n'est pas toujours derrière elle.

    Bon, gourde que je suis, j'ai d'abord appelé mon frère pour le prévenir qu'il y avait peut-être un problème, pouvait-il appeler chez nos parents ? Sur le moment, je n'avais pas envie de le faire, m'en tenant à ma volonté de distance. Mais il ne m'a pas fallu cinq minutes pour reprendre mon téléphone, appeler les pompiers pour savoir ce qui s'était passé. Refus des pompiers de me répondre sous le prétexte du secret médical, ils m'ont renvoyés vers le samu, qui a également refusé de me renseigner et m'a conseillé d'appeler les différents hôpitaux bordelais... Je raccrochais juste avec le samu quand mon téléphone a sonné, et conne comme je suis, bien que voyant le numéro de mon père s'afficher, j'ai décroché.

    Mais quelle conne quelle conne quelle conne. Bête à bouffer du foin.

    Evidemment, évidemment, il était fort aimable, pour m'apprendre que ma mère venait de se péter le col du fémur. Et évidemment comme à chaque fois j'ai fait la bonne fifille qui aime son papa et sa maman, et je lui ai dit de me tenir au courant, ce qui n'a pas manqué car il m'a rappelé dans l'après-midi pour me dire que ma mère serait opérée demain. Et, toujours aussi fifille terrorisée par son papa, j'ai raccroché en lui disant "grosses bises".

    P**** de b**** de merde. Trois ans de psychanalyse et j'ai pas avancé d'un pouce.

    Et bien sûr, bien sûr, il va falloir que j'aille voir ma mère à l'hôpital. Embrasser mes parents. Prendre l'air compatissant. Pire, devoir y aller au moins une deuxième fois.... et ensuite ???

     

    Ce soir une de mes tantes m'a envoyé un sms "si baisse de moral, appelle-moi". Mais comment faut-il que j'explique que je ne veux pas, que je ne peux pas, rentrer dans le costume de la petite fille aimant ses parents qu'on voudrait me faire porter ??? Je n'aime pas ma mère, je n'aime pas mon père, je n'ai que de la colère pour ma mère parce qu'elle refuse d'admettre qu'elle a été une mauvaise mère, et à cinquante ans passés j'éprouve toujours pour mon père une trouille telle que je suis malade quand je dois aller les voir.

     

    "Allo Docteur... vous vous souvenez de moi ? Vous pourriez me proposer un nouveau rendez-vous ?..."


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