• Des questions dans le noir

    Comme disait ce bon Gandalf.

    Ce déconfinement, pour aussi pénible qu'il soit, permet de réfléchir. Sur le rapport au travail, sur le rapport à son chez-soi, sur son rapport aux autres, éventuellement. 

    J'ai eu une longue discussion, via Skype, avec Cléante, mercredi. Comme on prenait de nos nouvelles respectives, je lui ai dit que pour moi, ce confinement était l'occasion de revoir mon rapport à mon appartement, à mon quartier. Pareil pour lui. Il vit depuis une dizaine d'années dans un appartement, en plein Bordeaux, ce qui lui convenait jusque là, parce que lui permettant de sortir en ville facilement, et surtout de pouvoir rentrer chez lui, en ayant bu, à pied et donc sans craindre un contrôle d'alcoolémie. Le confinement sans un appartement sans balcon lui fait reconsidérer les choses.

    Cléante est originaire d'une petite ville du bout du département, à la limite de la Dordogne. Là bas, m'expliquait-il, tu peux acheter une maison pour moins de cent mille euros, et attention, une maison en pierre, avec parquets et poutres centenaires, et fantômes authentiques. Bon, le problème c'est que dans ces petites villes de campagne il n'y a pas vraiment de travail, et c'est bien là que le bât blesse. Mais, me disait-il, il réfléchissait quand même, parfois. "Tu comprends, avec 100 000 euros, j'ai une maison. Il m'en reste encore un peu pour voir venir, et puis à la campagne, tu ne dépenses quasiment rien, et puis franchement, même s'il me fallait devenir ouvrir agricole, ça m'irait". Ca, c'est le fantasme, la réalité c'est autre chose, faire le grand saut, à nos âges, il en va autrement. Je suis bien placée pour le savoir : il y a dix ans je suis partie recommencer à zéro, autre région autre boulot, j'ai tenu six mois sans ma famille, la Rue Sainte-Catherine et les salles obscures de l'Utopia.

    Pour autant, je réfléchis beaucoup, je revois moi aussi mes priorités, et je commence à réfléchir sérieusement à partir, d'ici quelques années, m'installer dans un petit village du sud-gironde. Mon appartement est bien, et il est bien situé. Mais. Mais il y a le bruit d'un quartier par trop populaire, le bruit, les odeurs, la saleté. 

    Pas possible de partir maintenant. Je ne peux pas acheter une maison aux fins fonds de la Gironde et continuer à bosser sur la métropole bordelaise, même si le télétravail va entrer dans les mœurs. J'y ai tout de même réfléchi, parce qu'entre être coincé trois quart d'heures dans les bouchons, et faire trois quart d'heure de routes de campagnes, la seconde option parait plus agréable. Mais ce n'est pas le bon moment. Parce qu'avec cette crise, on ne sait pas trop où on va, on ne sait pas ce que va donner le marché de l'immobilier dans les mois à venir, et que mes économies ont un peu souffert de la crise également, en particulier le plan épargne entreprise qui s'est cassé la gueule en même temps que les actions de la Big Bank. J'ai donc tout intérêt à attendre, la retraite c'est fin 2027, et pourquoi ne pas partir un peu avant selon ce que proposera la Big Bank aux séniors à ce moment là. Du reste, si la demande immobilière reste la même sur la métropole, la valeur de mon appartement devrait continuer à augmenter et j'aurais, par contre, bien remboursé mon prêt, le différentiel devant me permettre alors d'envisager plus facilement un nouvel achat. Je me dis que partir dans cinq ans, ce serait pas mal, et que cinq ans, ça passe vite. Il me faut donc être patiente…. ce qui est bien la qualité qui me fait cruellement défaut ! 


  • Commentaires

    1
    Lundi 27 Avril 2020 à 10:42

    Je comprends tellement ton questionnement et puis en même temps je suis convaincu qu'il ne faut pas se poser trop de questions, que la vie est si courte qu'on se doit de la rendre intense...

     

    Bleck

      • Mercredi 29 Avril 2020 à 21:37

        C'est ce que je me disais pas plus tard que ce matin figure-toi. Du coup, je continue à jeter un coup d'œil sur les annonces immobilières en ciblant le sud Gironde, qui est un coin qui me plait bien. Après tout, comme on dit, c'est l'occasion qui fait le larron.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :