• Solo

    Un - sinon LE - des problèmes de la vie de la personne seule, c'est qu'elle est toute seule. :-) C'est une évidence. De même que quelqu'un qui n'a pas eu d'enfants n'imagine pas à quel point la vie est entièrement différente, celui qui n'a jamais vécu seul n'imagine rien de ce que signifie le fait de vivre seule. Encore que, avec un peu de bonne volonté, en regardant l'entourage et avec un peu d'empathie...

    Etre seul, c'est être seul à tout porter et je ne parle pas, cette fois-ci, des poches des courses. On porte aussi les soucis, pécuniaires par exemple (on est le 6 du mois et je dois déjà être à découvert, pour changer), mais aussi les soucis "moraux" ou qq chose d'approchant. Après un repas familial, personne dans la voiture avec qui échanger, débrieffer, s'épancher... c'est, je trouve, un des moments où l'on touche du doigt toute la tristesse de la vie en solo, où l'on perçoit de façon tangible la  solitude. Je crois que c'est ce qui m'est le plus difficile dans le fait de vivre seule, cette solitude de la pensée et du discours intérieur. Pour peu qu'un évênement, une discussion, me renvoie, en plus, ma solitude en pleine face, la solitude qui parait être un échec au regard de la norme sociale, c'est la dégringolade assurée pour le moral. Je me sens alors encore plus seule que seule, si cela est possible - et cela l'est. Je me sens la dernière des dernières, comme autrefois les vieilles filles étaient tout en bas de l'échelle familiale, juste avant le personnel de service. Cela me renvoie à mes interrogations existentielles, sur le sens de ma  vie. Cela me renvoie à mes ratages - j'ai divorcé en laissant la garde de mes fils à mon ex-mari, ce qui, aujourd'hui encore, est vraiment le ratage maximum, une blessure dont on ne soupçonne pas la béance, pour moi, et, face aux autres, un élément négatif. Dans une famille où les garçons ont assumé, eux, la charge de leurs propres enfants, je suis d'autant plus une ratée. Les autres ratages ne sont que broutilles par rapport à cette blessure là, étude, boulot, couples... mais ils sont bel et bien des ratages aussi. Quand je regarde en arrière, je pense n'avoir pris qu'une seule bonne décision dans ma vie, une seule, une opération par rapport à un complexe physique. Cela peut paraitre futile, cela ne l'était pas. Je rate aussi, et surtout, mes relations familiales, je veux dire celles avec mes frères et soeur, ce qui me renvoie à la solitude. Qu'est-ce qui reste quand on a coupé ses racines ? la famille que l'on a construite depuis, le couple et les enfants. C'est à ce moment que le vide, l'échec, de mon existence me revient en pleine figure, puisque couple je n'ai plus, et enfants, non plus, puisque j'ai raté mon divorce, un mariage ça se rate, un divorce aussi. Il ne reste rien, alors, quand on n'a plus de familles.


  • Commentaires

    1
    Loic
    Dimanche 7 Août 2011 à 11:43
    bonjour Carla, Je comprends ce que tu dis et je voulais te parler aussi des crises d'angoisse que tu subis parfois. Personnellement je suis rarement seul, j'ai cette chance..mais ça m'arrive quand même de temps de temps....comme là, depuis jeudi : ma compagne et mes filles sont pour quelques jours dans la belle famille en Normandie. Et moi donc je suis seul à la maison..C'est une situation provisoire donc rien à voir avec toi (mais j'espère que pour toi aussi, cette solitude est provisoire)..et puis chaque fois, c'est pareil, tout à coup, sans explication, je me mets à avoir peur de tout, j'ai un nœud dans le ventre, je n'ose pas sortir, j'ai peur du téléphone. J'erre dans la maison comme une âme en peine, je n'arrive à rien faire..même faire la vaisselle me gonfle (alors qu'il y a trois fois rien). Je ne suis bien qu'au lit, dans le noir à ruminer mon désespoir. J'essaie de lire mais je n'y arrive pas..tout me semble vain. iIl y a quelques éclaircies par moment mais bien peu. Alors, j'espère que ce n'est pas ce que tu vis au quotidien (je ne crois pas en fait, moi je crois que je me mets dans ces états en sachant inconsciemment que ça ne va pas durer) mais je voulais te dire que je devine ce que ça doit être que d'être seule tous les soirs. Voilà, maintenant, je vais essayer d'envoyer ce commentaire..
      • Dimanche 7 Août 2011 à 19:36
        Ah, quand on ne peut plus lire, c'est que ça ne va pas fort ! J'ai connu ce que tu vis, il y a bien des années, lorsque j'étais jeune mariée et que mon ex-mari partait en déplacement. C'était le grand vide à chaque fois, vide difficile à remplir. Comme c'était régulier, j'avais fini par m'y habituer et m'organiser. Je pense que ces moments préfiguraient les angoisses que je vis maintenant. Je suis désolée de ces moments que tu vis. Les moments où l'on se retrouve seul, ça peut au contraire être de bons moments, où l'on se laisse aller à souffler, à faire ce qu'on ne peut pas faire habituellement, une grasse matinée, un plateau-télé, une soirée entre copains... Mais ce n'est pas facile d'y arriver. On a l'envie mais pas l'énergie. Mais ce ne sont que quelques jours : j'espère que tu vas arriver à en voir les bons côtés ! Merci d'être passé par là et m'avoir laissé ce commentaire !
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    2
    Loic
    Dimanche 7 Août 2011 à 23:47
    En fait, ce n'est pas que ma femme et mes filles me manquent qui me rend comme ça. C'est juste que lorsque je me retrouve seul, je me dis que je vais enfin pouvoir faire ce que je n'arrive pas à faire autrement et en même temps j'ai l'impression d'être au bord d'un précipice. Au lieu de profiter pleinement de ces quelques jours de liberté, je me morfonds...et puis il y aussi que j'ai de vieux démons tapis à mes côtés et qui ne demandent qu'à rentrer en action. Je dois lutter contre eux et cette lutte puise toute mon énergie. Mais assez parlé de moi ! C'est ton blog. Je suis très sensible à ce que tu dis, tu trouves les mots justes et je pense que cette introspection (que tu rends publique mais ça c'est autre chose) ne peut que t'être salutaire. Mais dis-moi, pourquoi dis-tu que tu n'as plus d'enfants ? Tu vois tes fils de temps en temps, non ?
      • Lundi 8 Août 2011 à 00:40
        J'ai connu ça, avoir un espace de liberté devant soi et ne pas savoir en profiter. Je gère mieux cela, depuis très peu de temps en fait. Et cela demande une certaine énergie, un "coup de pied au derrière" en quelque sorte. Pour tes vieux démons... je ne peux que te souhaiter de les vaincre ! Quand à mes fils... je ne vis plus avec eux, non pas parce qu'ils sont devenus grands, autonomes et qu'ils ont quitté le nid, comme on dit, mais parce que je les ai quittés, ce qui n'est pas dans l'ordre habituel des choses, et ce dont j'ai beaucoup de mal à me remettre. Je les vois en effet, heureusement ! mais je regrette tellement de ne plus vivre avec eux, je me sens dépossédée - par ma faute, par les évênements - du temps que j'aurais pu encore vivre avec eux.
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