Entre le nouveau quartier qui jouxte la (très très moche) bibliothèque François Mitterand et le village de Bercy, il y a un pont (honte à moi, je n'en connais pas le nom) sur lequel mon regard a été attiré par ces stickers. Phrase étrange, autant que le livre dont elle est extraite, Avec les Moines-Soldats. Il ne s'agit pas d'un roman, il s'agit d'"entrevoutes", terme architectural repris par Lutz Bassmann pour qualifier son écrit à la structure en clefs et miroirs. Etrange vous disais-je... Etrange aussi, le mouvement littéraire auquel Lutz Bassmann est rattaché, ce post-exotisme dont le créateur est Antoine Volodine, dont Lutz Bassmann ne serait peut-être qu'un avatar, en dépit d'une biographie aux airs on ne peut plus authentiques...
Avec les Moines-Soldats est un livre à découvrir, par curiosité, l'intérêt viendra ensuite. Univers onirique, sombre, déroutant qui mélange fantastique, poésie, politique, le tout dans une ambiance post-apocalyptique : surtout ne pas se fier aux allures sympathiques de l'expression "Post-exotisme"!... Mais le meilleur de Lutz Bassmann est certainement dans ses magnifiques Haïkus de Prison, dans lequel l'auteur (qui qu'il soit réellement) décrit un univers concentrationnaire. Où, quand ? là n'est pas la question tant le sujet est malheureusement universel. Tout l'interêt de l'ouvrage réside dans l'utilisation (et la maîtrise !) du haïku, habituellement plus connu pour célébrer la beauté triste d'un vol d'oies dans un ciel d'automne, et dont l'utilisation, ici, pour évoquer barbelés, matons et déportation, accentue l'inhumanité du récit.
Le site officiel de Lutz Bassmann est ici. Il propose, entre autres, une lecture (via youtube) de quelques uns de ses Haïkus.
Bon voyage dans un univers très particulier...
Un pont en3 zones reliant la bibliothèque F. Mitterand à l'exposition des Enfants du Monde qui surplombe le parc de Bercy.