• L'Abécédaire des champignons - vénéneux assurément

    B - Boulot. Je change de service. De façon inattendue, on m'a proposé d'intégrer un autre service. C'est un service dans lequel je n'aurais jamais postulé de moi-même, et avec une manager dont je me suis toujours dit que je n'aimerais pas bosser avec elle. Oui, mais. Oui mais je me suis dit que puisqu'on me le proposait, et une fois que la manager m'a expliqué de quoi il s'agissait (quelque chose comme de la gestion de projet), je me suis dit : "pourquoi pas". Je suis curieuse, j'aime le changement, j'aime les défis... Quand à la manager, si a priori elle ne m'est pas sympathique, il faut lui reconnaitre une grande qualité : elle est professionnelle et elle sait de quoi elle parle. Et après ces deux dernières années à devoir supporter une chef inexistante, ce ne sera pas si mal de renouer avec une hiérarchie sur laquelle on peut compter ! Et si, sur le moment, j'étais triste à l'idée de quitter mon équipe actuelle, assez joyeuse, le fait d'être sur le départ m'a fait toucher du doigt à quel point je suis également fatiguée de devoir composer avec certains qui sont négatifs, ou susceptibles, ou fainéants. Et de toute façon je ne serais pas loin de ceux que j'apprécie : ma prochaine équipe se situe à cinq mètres de mon équipe actuelle - vive l'open-space ! Ceci dit tout  n'est pas tout rose : ce nouveau métier est difficile, il faut environ un an pour commencer à le maîtriser. Et compte-tenu de ma fatigue récurrente, je sais que je vais en baver durant de longs mois. Mais je n'aime pas renoncer, et encore moins échouer.

    C - Câlin du matin, avec Loukoum. Plus ça va, plus notre câlin dure longtemps. Et parfois même il y a aussi le câlin du soir. Cette petite chatte fait mon bonheur, jour après jour. Elle s'abandonne dans mes bras, ronronnante, heureuse, confiante, et j'éprouve un grand bonheur dans ce moment là. Arriver en retard m'importe peu, le câlin du matin prime sur tout.

    E - Enterrement. Hier nous avons enterré mon oncle, mort après dix-huit longs mois de fin de vie, durant lesquels j'ai accompagné ma tant autant que je l'ai pu. Elle m'a demandé de lire un texte en hommage à mon oncle, écrit par ma cousine. Je ne pouvais qu'accéder à cette demande qui lui tenait à coeur, et je crois l'avoir fait avec toute la tendresse que j'ai toujours eu pour mon oncle et ma tante. L'enterrement a été un moment difficile, et mêlé, comme c'est toujours le cas, du plaisir d'y retrouver des cousines perdues de vue. Pour le coup, j'ai pris leurs coordonnées pour pouvoir les revoir en dehors des prochains enterrements !

    F - Famille. Famille je vous hais ! faudra que je lise ce roman. En attendant, j'en bave. Si la situation s'était un peu améliorée dans les mois qui ont suivi l'hospitalisation de ma mère, en début d'année, elle s'est de nouveau dégradée depuis que ma mère est en ehpad. Comment supporter, que dire, à des gens négatifs, hypocondriaques, et dont le seul sujet d'intérêt est eux et eux seuls ? Je ne vais plus à l'ehpad qu'une semaine sur deux, et la situation est toujours la même : ma mère perd la tête, et tombe sans arrêt, n'ayant plus d'équilibre mais persistant à vouloir marcher seule. Mon père est, quand à lui, dans le refus de voir la réalité en face : il s'obstine à dire que ma mère va mieux. Et continue à fumer alors qu'on vient de lui diagnostiquer un deuxième cancer des poumons, deux ans à peine après s'être remis du premier. Et, au risque de choquer, je trouve anormal qu'on le soigne alors même qu'il continue à fumer.

    F - Famille, suite. Mon père a prétexté de sa mauvaise santé pour ne pas se rendre à l'église, hier, pour l'enterrement de mon oncle. Tout comme il avait évité de se rendre à l'hôpital, puis à la maison de retraite. En fait mes parents avaient évité de se confronter, tout ce temps, à la réalité de la maladie, de la vieillesse, de la mort. Mon père a daigné se rendre au cimetière.

    F - Famille, frère. Au cimetière j'ai eu la surprise de trouver le plus jeune de mes frères, celui qui habite à Poitiers, aux côtés de mon père. Il était arrivé la veille, repartait aujourd'hui. Bien sûr, ni lui ni mon père n'avaient jugé utile de me prévenir. La dernière fois qu'il est venu, je l'avais appris la veille en appelant mon père. J'avais alors proposé qu'ils viennent tous les deux déjeuner chez moi le midi. "Nous avons prévu de déjeuner avec ma maman à la maison de retraite" m'avait répondu mon père. Sans me proposer de me joindre à eux. C'est un ostracisme qui me blesse. C'est mon frère que mon père encense parce qu'il descend voir ma mère une fois par trimestre, c'est moi qui passe - mon père le fait savoir à ma famille - pour la fille méchante et indigne qui ne va voir sa mère qu'une fois tous les quinze jours. Bien sûr c'est de moi qu'on attendra que je m'occupe de gérer la fin de vie de mes parents, leur décès, leur succession.

    F - Famille, frère. Comme une de mes cousines lui demandait des nouvelles de notre mère, mon frère lui a répondu "elle va beaucoup mieux, bien sûr elle tombe régulièrement car elle veut absolument marcher, mais du côté de la tête, elle va tout à fait bien, la confusion de ces derniers mois était juste due aux médicaments". Je rêve. Ma mère sombre dans la démence, mais pour lui elle va mieux. Il est vrai qu'une fois tous les trois mois, il ne voit pas grand'chose. Et comme mon père s'obstine à répéter que tout va bien, mon frère le répète aussi.

    F - Famille je vous hais !

    F - Fatigue. De retour, ma vieille copine. Et dire qu'il va falloir que je sois très en forme, ces prochains mois, pour apprendre mon nouveau boulot ! Un peu de cocaïne, peut-être ?

    M - Maîtrise. De mes émotions. Je n'y arriverai jamais. Cette semaine je me suis laissée emporter par la colère lors d'une réunion d'équipe. Et cet après-midi j'ai mal géré une conversation sur messenger avec Corentin. Il faisait de l'humour, je ne l'ai pas compris, je me suis énervée. Je suis un crabe mou, toujours à vif, toujours trop vive dans mes réactions. Je ne m'aime pas quand je suis comme ça, je fais des efforts depuis des années, qu'une seule seconde réduit à néant, je ne m'aime pas tout court. J'envie les placides, j'envie les mous, j'envie les insensibles, j'envie les cons sûrs d'eux-mêmes et de leurs certitudes.

    M - Ménopause. Ouep. Fatigue, problèmes de sommeil, douleurs articulaires. Tout va bien. Ca ne dure qu'une dizaine d'années parait-il.

    M - Milan. Mon fils y est parti quelques jours avec sa belle italienne. Il m'en a envoyé plusieurs photos via messenger, qui m'ont donné envie de m'y rendre. Une idée de futur voyage !

    P - Paris. Il y avait longtemps que ça ne m'était pas arrivé, un déplacement professionnel à Paris, c'est tellement pénible, entre fatigue du rythme que cela impose, entre transports et réunions, et frustration d'être à Paris sans pouvoir en profiter, que j'évitais tout déplacement depuis plusieurs années. Mais ma future nouvelle chef m'a demandé de m'y rendre pour la réunion annuelle du service avec nos homologues parisiens, et pas question de dire non. Il ne s'agit que de trois jours, j'espère qu'ils vont passer très vite pour que je retrouve mon chez-moi et mes chatounettes.

    U - Ukulélé. Je me félicite d'être passée de l'envie à l'action. Je me trouve très bête de me mettre à cet instrument à mon âge, et je n'arrive pas encore à franchir le pas d'oser chanter tout en m'accompagnant en jouant, mais je suis contente de progresser. Je n'imaginais pas à quel point ce serait bon de me remettre à jouer de la musique. Au téléphone l'autre soir, Julie m'a dit qu'elle éprouvait la même chose en se remettant à l'écriture. Oui, il faut oser, ça fait du bien !


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