• Le Clan des Otori

    Je connaissais la Saga de vue, pour avoir été attirée par les très belles couvertures, vues en librairie, mais je ne l'avais pas lue, un peu échaudée par des années de lecture de fantasy, genre très prolifique, mais dans lequel on trouve trop peu de très bonnes choses, à mon humble avis.

    Alors quand Corentin m'en a parlé, me proposant de me les prêter, je lui ai dit "pourquoi pas". Et je ne le regrette pas, car j'ai été aussitôt prise par le charme de et la qualité de l'oeuvre, que l'auteure a situé dans un Japon médiéval fantasmé et fantasy, lui permettant de s'appuyer sur un univers attirant, celui des samouraïs, tout en s'affranchissant de toute réalité historique.

    Le Clan des Otori, c'est l'histoire de Tomasu, jeune garçon qui, réchappant de peu au massacre de son village par un chef de guerre, est sauvé par un seigneur qui va l'adopter. Tomasu, devenu Takeo, va devoir affronter bien des épreuves dont il triomphera pour devenir à son tour Seigneur du clan Otori.

    Il y avait longtemps que je n'avais pas lu une oeuvre de fantasy d'aussi bonne qualité, et je dirais même, un roman traditionnel tant le terme de fantasy me parait peu adapté à l'oeuvre de Lian Hearn. J'ai particulièrement apprécié les descriptions qui agrémentent régulièrement le roman, et j'ai été tenue en haleine tout au long des quatre tomes des aventures de Takeo, le cinquième volume étant une préquelle de la saga dont je préfère reporter la lecture pour l'instant. Il y avait très longtemps aussi que je ne m'étais pas passionnée aussi longtemps - j'ai commencé la lecture du premier tome en novembre - pour une lecture, et très longtemps aussi que je n'avais pas ressenti le grand vide qui se produit lorsqu'on referme la couverture du tout dernier volume. J'ai passé ces derniers mois avec Takeo et ses compagnons, immergée dans ce Japon admirablement rendu par les descriptions de l'auteure, sous le charme des kimonos de soie et sous l'influence de la sagesse de la voie du Houou. Bref, j'ai retrouvé des sensations qui étaient souvent les miennes durant mon enfance et mon adolescence, lorsque je passais des semaines entières le nez plongé dans les romans de Jules Verne.

    J'ai terminé la saga avec une immense admiration pour l'auteure, Lian Hearn, qui a produit là un travail magnifique. Elle a su produire une oeuvre riche, mélangeant avec beaucoup de talent Histoire, fantastique, épopées guerrières, et suspens - j'ai lu le quatrième tome en me demandant à chaque page ce qui m'attendait à la suivante.

    Gros coup de coeur, et je ne regrette donc pas d'avoir passé tout ces derniers mois en si bonne compagnie !


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  • Cinoche et bouquins - Cinoche, Le Caire Confidentiel, Tarik Saleh

     

     

     

     

    Après le coup de coeur lecture, voilà la grande claque ciné :-)

    Le Caire, janvier 2011. Dans une chambre du Nile Hilton, une jeune femme est assassinée. Dans cette société corrompue où tout n'est qu'une question d'argent, Nourredine, étoile montante du commissariat central, n'est pas le dernier à vouloir sa part du gâteau. Pourtant, quand le procureur classe l'affaire en concluant au suicide (!), Nour refuse de fermer les yeux une fois de plus.

    De temps en temps, il y a un film, comme ça, qui a le pouvoir de vous faire oublier où vous êtes. J'ai brusquement repris conscience, toute surprise d'être dans mon fauteuil, à Pessac, immergée comme je l'étais depuis deux heures dans les rues sombres et sales du Caire, dans une lumière jaune et poussiéreuse. Hein, quoi, je ne suis pas au Caire, je ne suis pas en train de suivre le sillage enfumé de Nourredine ? J'ai adoré ce film, vous l'aurez compris. Les personnages ont de la gueule, l'image est magnifiquement traitée, l'intrigue, si elle n'est pas originale, est bien menée... Bref, le très bon film du moment.  


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  • Cinoche et bouquins - Bouquin, Petit Pays, Gaël Faye

     

     

     

     

     

     

     

    Burundi, région des grands lacs, années 90. Gabriel, dit Gaby, vit une enfance heureuse, malgré la séparation de ses parents. Il a ses amis, sa famille, la lecture, le plaisir de faucher les mangues dans le jardin de la voisine, ou celui de se baigner en pleine nuit dans la piscine du lycée... Des nuages, il y a en a, pourtant, dans le ciel de ce gamin, fils d'un ressortissant français et d'une rwandaise qui a fuit le génocide quelques années auparavant. Le Burundi est-il si sûr que tous veulent le croire ? Le temps d'un été, Gaby tente de prolonger l'enfance...

    J'ai refermé ce court roman avec le sentiment d'avoir lu un grand roman, magnifique, intense et fort, et je ne suis pas sortie indemne des derniers chapitres. J'ai été vivement impressionnée par le talent de Gaël Faye, qui signe là un premier roman très prometteur. Il s'y entend parfaitement à rendre la magie de l'enfance, et dresser le portrait sobre mais réaliste d'une situation humanitaire qui tourne à la catastrophe. Sachant qu'il est rappeur, mais ne connaissant rien de lui, je suis allée sur youtube. Et bien.... Laisse tomber le rap Gaël, et consacre toi à l'écriture ! 

    Mon coup de coeur lecture du moment !


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  • Bouquin - Fille de joie / Kiyoko Murata

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Japon, 1902. Ichi a quinze ans. Vendue par son père, un pêcheur pauvre d'une île de l'archipel japonais, à un bordel d'un quartier de plaisir, elle va brutalement découvrir ce qui se cache derrière les chatoyants kimonos des geishas. Mais Ichi est une forte tête, et porte un regard acéré sur le monde qui l'entoure.

    J'ai bien aimé ce roman, assez bref, mais riche et bien documenté sur différents sujets. Il évoque tour à tour la vie misérable des pêcheurs japonais, la vie des geishas, la place de celles-ci dans la société japonaise. On est loin du cliché doré de la geisha qui récite des poèmes en minaudant dans un kimono de soie, l'auteure nous apprend qu'au début du XXème siècle, la prostituée est au même rang que le bétail dans le droit civil nippon. Toutefois, même dans une société aussi fermée, des femmes luttent pour leur émancipation et la jeune Ichi est l'emblème de cette révolte. Car les tenanciers des maisons closes envoient leurs filles à l'école, et si elles doivent y apprendre à y écrire des poèmes pour plaire aux clients, elles y apprennent également à compter et à réfléchir...


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  • Je dis merde à la chaleur. On est - quoi ? - à la mi-juin, et il fait un cagnard subsaharien qui nous fait nous tapir dans l'ombre moite comme des cloportes sous des pierres. Je veux des orages, de la pluie bretonne, une dépression bien creusée sur le Groenland, mettons, une de ces écharpes bien enroulées comme on nous en montre à la télé. Faut déclarer la guerre aux Açores. Passer des accords avec l'Irlande. J'ai envie de marcher dans les flaques comme quand j'étais gamine. Je veux troquer mes nu-pieds glissants de sueur contre des bottes en caoutchouc. Aller bosser en ciré jaune, comme les marins, sponsorisée par K-Way. Parce que c'est là que le bât blesse. Si j'étais en congé, un Tee-shirt, une petite jupe, des espadrilles encordées au Pays basque me suffiraient amplement pour sortir faire mes courses ou traîner parmi les soldes. Je montrerais mes avantages à des connards ni vus ni connus qui en profiteraient anonymement, et basta. Mais je me vois mal me pointer au bureau légère et court-vêtue avec presque rien en dessous. Figurez-vous que la flicaille est une corporation très majoritairement couillue. Et volontiers moustachue pour ce qui concerne les tuniques bleues.

    Bouquins - Hervé Le Corre, Trois de chutes, la trilogie bordelaise

     

     

     

     

     

    Je goûte assez peu le polar, mais Le Corre situe ses romans à Bordeaux et en région bordelaise, pour mon plus grand plaisir. Cette trilogie bordelaise reprend dans un seul livre ses trois premiers romans dont le troisième, Les Effarés, est certainement le meilleur. Petites frappes, gosses paumés, tueur bas de front, tous évoluent dans le Bordeaux des années 80, gris et sale, aux quartiers périphériques défavorisés. (le plus incroyable du renouveau de la ville n'est pas tant dans sa rénovation, que dans son nouvel essor au sein même de ses limites géographiques. Certaines zones, auparavant terra incognita, se couvrent aujourd'hui de nouvelles constructions). Les polars de Le Corre sont violents, sombres, nulle rédemption pour ses héros, mais la langue est belle, savoureuse, quelque part entre Audiard et Thiefaine, et il s'y entend à dresser des portraits hors du commun. Bref, il faut lire Le Corre.


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